Une saison au Congo (Les Gémeaux – Sceaux)

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Du 8 au 24 novembre, la scène des Gémeaux à Sceaux propose une pièce sur le texte d’Aimé Césaire : Une Saison au Congo.

De la première pièce La Tragédie du Roi Christophe à la seconde Une Saison au Congo, l’unité d’inspiration est manifeste. Aimé Césaire l’indique lui-même en comparant Lumumba à Christophe : « C’étaient tous deux des poètes (…), des visionnaires très en avance sur leur époque. Pas plus politicien l’un que l’autre, lancés derrière un idéal très noble, ils perdent contact avec une réalité qui ne pardonne pas (…). Lumumba comme Christophe, ce sont des vainqueurs qui se dressent alors que tout s’écroule autour d’eux ».

Nous sommes au Congo belge en 1958 lorsque la pièce débute, c’est une période d’effervescence qui va mener le pays à l’indépendance. Une fois celle-ci acquise, se font jour les oppositions et les  diverses pressions pour l’acquisition d’une parcelle du pouvoir. Les colonisateurs, qui semblent avoir quitté la scène politique, attisent les dissensions et tentent encore de conserver le pouvoir économique au besoin en encourageant la sécession du Katanga, une des provinces congolaises. Patrice Lumumba, nommé Premier ministre, dénonce ces malversations. L’atmosphère de liberté et de luttes politiques fiévreuses pour la conquête de  l’indépendance, puis l’ascension de Patrice Lumumba, sont le sujet de la pièce de Césaire. Un héros au temps compté, un chemin semé d’embûches, une mort violente et prématurée, tout est là pour créer à la fois le  mythe politique et théâtral.

À partir de ces faits politiques précis, et à peine transformés, Césaire transfigure la réalité pour faire de Lumumba une figure charismatique à la lucidité exaltée, symbole de toute l’histoire d’un continent. Loin des « héros positifs » du réalisme socialiste surgissant dans les théâtres de nombreux pays africains qui deviennent indépendants dans les années 60, Lumumba, comme Césaire, est un poète « déraisonnable ». Figure de Prométhée, porteur de feu ou Christ souffrant, l’unité Dieu / homme est ici transformée en Afrique / Lumumba. Le temps de la pièce constitue à la fois un espace et un temps prophétiques ; d’une certaine façon le poète sera l’instrument et la mémoire de cette prophétie. (Texte de Dany Toubiana)


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