Eun-Me Ahn – Dancing Grandmothers (Théâtre de la Colline)

/ Arts Vivants

Évènement passé

Mêler les fleurs, les rayures et les pois, le monde urbain moderne et les campagnes coréennes, le folklore et l’électro, le mouvement et la vidéo, les jeunes et les anciennes, et transformer le tout en un dancefloor géant…

Est-ce une potion magique de sorcière encore inconnue dans nos contrées ? Peut-être, et elle a le pouvoir de faire tourner les têtes et de réveiller les esprits. Paris avait découvert l’année dernière la chorégraphe Eun-Me Ahn, alias “la Pina Bausch de Séoul”, avec l’épopée pop de la Princesse Bari. Elle revient cet été avec un spectacle pas moins dingue, fondé sur l’énergie inusable des grands-mères coréennes, qui rejoignent sur scène les jeunes danseurs de sa troupe. Un voyage dans le temps et le mouvement qui se transforme en transe collective.

En octobre 2010, sans itinéraire prédéfini, portée par les rencontres et les routes des provinces de Chungcheong, Jeolla, Gyeongsang et Gangwon, Eun-Me Ahn a demandé à des femmes âgées, paysannes pour la plupart, de danser pour elle, de façon spontanée, sur les tubes de leur jeunesse. Certaines de ces “grands-mères” avaient 60 ans, d’autres 90. “Elles avaient toutes l’air heureuses quand elles dansaient. Elles étaient heureuses d’être encore capables de danser, et heureuses que quelqu’un leur ait demandé de le faire. Leurs danses étaient si naturelles et si vivantes qu’elles ont entraîné dans leur mouvement les jeunes danseurs professionnels de ma troupe. Chacun de leurs gestes reflétait la rudesse de leurs conditions de vie. Comme si on regardait un extrait d’un documentaire qui parlerait à la fois du passé et du sol. Les corps ridés de ces grands-mères étaient comme un livre où auraient été consignées des vies vécues depuis plus d’un siècle. Chacune de leurs danses composait une épopée, déployée sur un rythme harmonieux dans une brève fraction de temps. A chaque rencontre avec l’une d’elles, nous regardions l’histoire de la Corée moderne qui s’incarnait dans son corps, comme si leurs corps étaient un livre d’histoire de notre pays, bien plus concret qu’aucun autre récit de la tradition écrite ou orale.”

De ces rencontres, des images filmées dans les provinces, des réactions des danseurs de la troupe est né un spectacle tour à tour tendre et halluciné, qui mêle les énergies de tous pour finalement entraîner le public dans un tourbillon. Un hommage aux temps anciens autant qu’à la vitalité inaltérable du mouvement. Comme l’écrit encore Eun-Me Ahn : “Pour moi, le mouvement n’a pas seulement lieu à un moment donné, mais représente plutôt une sorte de fossile appelé à être actionné à un moment donné pour créer par ses différentes gestuelles tout un univers de souplesse où l’instant présent s’allonge à l’infini.”


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