Suzuran

Suzuran est le premier volume d’un nouveau cycle romanesque d’Aki Shimazaki, écrivaine installée au Québec, qui maîtrise à la perfection la saga familiale minimaliste, le mélodrame sous euphémisme.

Suzuran conte en un court roman concis la vie quotidienne d’Anzu, ses liens familiaux, les efforts liés à sa passion professionnelle, et les mécanismes de ce qui va venir perturber cette vie routinière et paisible.

Anzu est céramiste. Elle habite seule avec son fils depuis son divorce et ne souhaite pas se remarier. Elle s’épanouit pleinement dans un quotidien calme rythmé par la pratique de son art. Sa douceur naturelle est à l’image de sa vie, dans une petite ville au bord de la mer du Japon et au pied du mont Daisen. Sa sœur aînée, célibataire et séductrice impénitente qui vient de se fiancer, annonce qu’elle viendra de Tokyo présenter à sa famille l’heureux élu.

La nuit tombe. J’entre dans mon appartement où il n’y a personne.
Il fait froid aujourd’hui pour une fin d’avril. Il est déjà huit heures. J’ai faim. En préparant une salade, je réchauffe le curry, restant d’hier. Installée à la petite table dans la cuisine, je commence mon dîner tardif. Je n’entends que le tictac de la pendule. C’est samedi. Mon fils, chez son père depuis hier, reviendra demain soir.
C’était une longue journée épuisante. Le matin, j’ai tourné un grand vase ikebana dans mon atelier de campagne. L’après-midi, revenue chez moi, j’ai écrit des lettres d’invitation pour ma prochaine exposition prévue début juin.