Les oreilles du loup (Antonio Ungar)

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Avec  » Les oreilles du loup « , le colombien Antonio Ungar nous propose une promenade baroque dans l’enfance d’un petit garçon dont on ne connaîtra jamais le prénom.

Ce qui est original est que le narrateur est cet enfant et que le roman est écrit comme l’aurait écrit un enfant. La sensation prime sur le discours (aucun dialogue) qui, chez l’enfant de trois ans, est encore balbutiant. Cela explique aussi l’absence de continuité logique entre les événements. L’enfant nous fait part de son ressenti, mais comme il ne sait pas la raison des choses, celle-ci reste inconnue. Par exemple, le père est là, puis il n’est plus là. Dans les moments durs, il n’hésite pas à se réfugier dans son univers si particulier pour trouver du courage ou se donner une distance avec son entourage. Le temps, les distances, les gens, les situations semblent parfois complètement déformés dans les descriptions qu’il en fait.
C’est donc avec un mélange de réel et d’imaginaire, sans pouvoir toujours réussir à faire la part des choses, que l’on suit la vie de ce petit garçon.

Fuyant la ville où, autour de lui, tout le monde sourit « comme sourient les adultes, sans y croire », c’est par un retour à la nature que le petit garçon semble renaître à la vie.
Cette communion avec la nature, sa sœur cadette la réalise de manière dangereuse : elle se badigeonne de miel afin de se revêtir d’un manteau constitué de milliers d’abeilles.
Pour notre petit narrateur, c’est au de cœur de la forêt du Panamá, qu’il vivra une étrange expérience : une nuit, une agitation à l’extérieur de la hutte l’éveille. L’enfant sent un animal le flairer. Sans ouvrir les yeux, l’enfant le caresse et l’animal s’allonge à ses pieds, la gueule sur ses jambes. Au matin, l’animal a disparu, mais les traces de sang au sol ne laissent aucun doute, c’est bien le jaguar qui a tué un chien et un porc pendant la nuit qui a passé une partie de la nuit blotti à ses pieds, comme si le jaguar avait reconnu en l’enfant son semblable.
C’est donc une belle lecture qui demande d’accepter ce regard particulier mais aussi le passage sans frontière de la réalité au rêve.


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