Mon Ange (Guillermo Rosales)

/ Livres

« Ici tu seras bien », « Il n’y a plus rien à faire ». Voici les sentences qui sont scandées au début de Mon Ange par la tante de William. A la lecture des premières pages du récit, on se rend compte assez rapidement que le narrateur est un homme cultivé, intelligent, et qui semble loin d’être fou. Ou en tous cas, moins que les autres.

Un écrivain qui a fui le régime carcéral insulaire refuse la reddition sans condition à la sphère étriquée des « triomphateurs » qui l’attendent à Miami. Il est interné par sa famille « américaine » dans un boarding home, asile privé qui recueille des inadaptés de toute engeance. Les grilles se referment sur lui et en lui, seul dans un univers hallucinant où l’on ne peut que souffrir et faire souffrir. La folie touche d’ailleurs davantage son entourage, et surtout les responsables du boarding home, lieu plus que défraîchi, où le manque d’hygiène, des extorsions, des abus sexuels et la violence forment le quotidien.

C’est ici qu’il faut vivre, et pour toujours, sans espérance ni pitié ; pour personne. Le faut-il vraiment?

Livre échangé sous le manteau, longtemps introuvable dans sa langue d’origine, Mon ange a été instrumentalisé par les Cubains des deux rives aux fins de le réduire à un sommaire règlement de comptes. L’histoire de sa publication serait simplement romanesque, si son contenu n’était dramatiquement testamentaire.

– – –

Guillermo Rosales (La Havane, 1946 – Miami, 1993) est l’auteur de deux romans et de quelques contes inédits. Reinaldo Arenas et Carlos Victoria célèbrent dans leurs oeuvres cet ami génial et fou qui s’est donné la mort à Miami en 1993. Il est l’auteur d’un autre roman publié, lui, à titre posthume et de quelques nouvelles.


Pays :


Continent(s) :

Découvrez aussi