Meurtre au kibboutz (Batya Gour)

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Paru chez Fayard en 1995, les éditions Folio rééditent Meurtre au kibboutz 10 ans plus tard avec l’ensemble de la série Meurtre au Philharmonique, Meurtre à l’université, Le meurtre du samedi matin, et Meurtre en direct.

Si l’intrigue policière n’est pas des plus révolutionnaires, le récit de la vie en communauté au kibboutz et les divergences d’opinion entre générations relève le niveau.

Alors qu’il vient d’être muté à l’UNEC, une section de la Police judiciaire israélienne chargée des affaires délicates, le commissaire Michaël Ohayon se voit confier une mission à laquelle ni son passé ni ses études ne l’ont préparé: enquêter sur une mort suspecte survenue au sein d’un monde aussi complexe que fermé, le kibboutz. S’agit-il d’un meurtre? D’un suicide? Ou, plus simplement, d’un accident? Comme on ne cesse de lui répéter que « celui qui n’a jamais vécu au kibboutz n’a aucune chance d’en comprendre le fonctionnement », et persuadé en outre que les activités du kibboutz doivent être passées au peigne fin pour qu’apparaissent les faits conduisant à cette mort mystérieuse, Ohayon va d’une part s’acharner à pénétrer l’esprit d’un univers qui lui est totalement étranger et d’autre part braver les ordres de son nouveau chef en utilisant les membres de sa petite équipe d’une manière fort peu conventionnelle. Les résultats dépasseront toutes ses espérances, et toutes ses craintes.

S’inspirant des débats de fond qui agitent aujourd’hui un kibboutz en pleine mutation, et imaginant le pire -un double meurtre dans ce milieu quasi familial-, Batya Gour met au jour les contradictions et les antagonismes qui minent de l’intérieur une institution conçue comme idéal de vie mais qui, devenue insulaire et bourgeoise, s’est écartée des principes de ses fondateurs : à force de vouloir satisfaire les besoins matériels de ses membres, le kibboutz a oublié qu’ils avaient aussi des sentiments…

Si le roman met un moment à démarrer, il faut lire 150 pages pour que l’enquête commence vraiment et que toute la trame soit mise en place, Meurtre au kibboutz est intéressant pour les descriptions du fonctionnement interne de la vie en communauté au kibboutz, les aspirations collectives et individuelles qui se heurtent parfois avec violence…

Les différents personnages, de ce point de vue, dépassent le récit pour servir parfaitement cette description des divergences idéologiques du mouvement : entre choc des générations, Histoire, esprit collectif tout-puissant, modernisation des activités…, Meurtre au kibboutz entraîne avec facilité le lecteur dans cette intrigue israélienne un peu atypique.


Batya Gour est née à Tel-Aviv en 1947. Professeur de littérature, critique littéraire à Ha’aretz, elle enseigne actuellement à l’Ecole israélienne de cinéma. Ses enquêtes du commissaire Ohayon sont très vite devenues des best-sellers tant aux Etats-Unis qu’en Israël.

Traduit de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech


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