Le Seigneur de Bombay (Vikram A. Chandra)

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Dix ans d’enquête menée dans les bas-fonds d’une Bombay grouillante, accueillante pour les uns, cruelle pour les autres, auront permis à Vikram Chandra de terminer Le Seigneur de Bombay.

Véritable épopée au fil des ans, des fortunes ou des désillusions, du pouvoir des mafieux au pouvoir corrompu des dirigeants, Le Seigneur de Bombay fait cohabiter une série de personnages attachants, et dépeint l’envers du décor indien, violent, celui dont on a peur.

Vikram A. Chandra dira lors d’une interview : « Je voulais écrire une sorte d’anti-thriller. J’étais intéressé par une histoire ayant la structure classique du duel policier/gangster. Mais je voulais aller plus loin que ce modèle. La forme du livre est telle que ses nombreuses couches d’histoires et d’événements agissent sur le destin des personnages, mais que ces derniers n’ont jamais une vision complète du tableau. »

D’abord, il y a Bombay : majestueuse et monstrueuse, Bombay est le lieu de tous les possibles. Là, vivent deux hommes qui ne se connaissent pas :
Il y a le gangster : Ganesh Gaitonde, un roi de la pègre de Bombay.
Le flic : Sartaj Singh, un petit inspecteur de police d’un commissariat de quartier.

Puis se dessine le suspense de l’intrigue : si Sartaj ne découvre pas bientôt pourquoi Ganesh s’est suicidé au fond d’un bunker après avoir tué la femme qu’il aime, vingt-six millions de personnes vont mourir dans une explosion atomique.
La violence : pour Ganesh, la vie n’a aucun prix. Il la méprise, l’écrase, la supprime avec l’aisance et la force d’un dieu du Mal.
La sensualité : elle est partout, dans les décors dorés de Bollywood comme dans les taudis infâmes de Navnagar, dans les temples hindous comme dans les bordels.

Autour de Sartaj et Ganesh gravitent des personnages rongés par l’ambition : Jojo la maquerelle, Aadil le révolutionnaire désespéré, Parulkar le flic qui fait de la corruption un des beaux-arts de l’Inde, Paristosh Shah, un receleur milliardaire qui ne transige pas sur les traditions hindouistes… Tous rêvent d’être des seigneurs dans la ville.

Au-delà de cette intrigue, Le Seigneur de Bombay est comme un tableau : la moindre page de ce très long roman participe à la réussite finale. Les traits de caractère des personnages, leurs histoires individuelles, leur spiritualité, leur violence, tous ces détails offrent une description de la société contemporaine indienne, de ses contradictions, de ses richesses, de ses luttes fratricides…

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Né à New Delhi en 1961, écrivain, scénariste et journaliste, Vikram Chandra est l’un des plus grands romanciers indiens de langue anglaise. Le Seigneur de Bombay (Robert Laffont, 2008). a obtenu le Hutch Crossword Book Award en 2006 (le « Goncourt » indien). Professeur de littérature à Berkeley, Vikram Chandra partage son temps entre Bombay (Mumbai selon la nouvelle dénomination) et la Californie.

Traduit par Johan-Frédérik HEL GUEDJ


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