Délire (Laura Restrepo)

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 » Délire  » de Laura Restrepo est vraiment un très bon roman. Il allie brillamment le fond à la forme. Les paragraphes ont la taille d’un chapitre, avec une ponctuation limitée au minimum, ainsi Laura Restrepo nous plonge directement en apnée dans son récit. C’est aussi un roman polyphonique. Quatre narrateurs racontent un bout de l’histoire, à sa façon, car chacun a une pièce du puzzle.

Ces récits parallèles ne cessent de s’entremêler. De plus, avec eux, on passe continuellement d’une époque à une autre. Sa construction est donc complexe, avec des audaces stylistiques comme de faire s’exprimer, conjointement, dans une même phrase, le narrateur et un personnage. Pourtant la compréhension reste évidente. Laura Restrepo ne perd jamais son lecteur. Au contraire, elle nous plonge dans la confusion de l’esprit malade de l’héroïne et de son pays en phase d’autodestruction. Et, c’est bien aussi dû à l’histoire très forte qu’elle nous conte. Car, pendant qu’Agustina, la « folle », court dans les couloirs avec une bassine d’eau pour tout nettoyer de façon obsessionnelle, comme on gomme un souvenir intolérable, un passé encombrant ou un dégoût des autres et de soi-même, Aguilar découvre, peu à peu, les clés de l’enfance de sa femme. Dans le passé d’Agustina, et des ses ancêtres, chaque époque a en commun le mensonge et le déni cruellement légués aux générations suivantes. Le non-dit règne en maître. Les secrets ont littéralement miné la cellule familiale.

Derrière la saga familiale, Laura Restrepo se livre aussi à une analyse féroce de la société colombienne, de la violence et de la corruption qui en gangrènent toutes les strates. Vous l’aurez compris, avec  » Délire  » , Laura Restrepo signe un roman rare. Quatrième de couverture : Après quatre jours d’absence, Aguilar retrouve sa jeune femme en état de démence aiguë, dans un hôtel de Bogotá. Qu’est-il arrivé à la belle et fantasque Agustina ? C’est ce que son mari, affolé, égaré cherche à comprendre. Malgré tout son amour pour elle et sa volonté farouche de l’aider, il s’y prend mal. Car la clé du mystère de la folie d’Agustina n’est pas là où il la cherche et ce n’est pas sans douleur qu’il constate à quel point il connaît peu sa femme.

Narrée avec talent et émotion, cette histoire d’amour extraordinaire se fragmente en plusieurs autres qui se nouent au travers de personnages chargés de nuances et de secrets. Laura Restrepo montre dans cette œuvre une énergie narrative hors du commun. « Délire est l’expression de tout ce que la Colombie a de fascinant, y compris d’horriblement fascinant. Quand l’écriture atteint le niveau où la porte Laura Restrepo, il faut tirer son chapeau. D’innombrables lecteurs s’apprêtent à ressentir le plaisir de lire l’un des meilleurs romans écrits ces dernières années. » José Saramago

 

Laura Restrepo est née à Bogotá en 1950. Elle a enseigné la littérature avant de se tourner vers la politique et le journalisme. En 1989, contrainte à l’exil après avoir participé à l’un des processus de négociation avec la guérilla, elle se consacre à la littérature.


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