Tango Connection (Le Bataclan)

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Né sur les rives du Rio de la Plata, entre Argentine et Uruguay, à la fin du XIXe siècle, ce tango que l’on dit “argentin” se nourrit depuis un siècle d’allers-retours incessants entre Paris et Buenos Aires, au gré des migrations de l’aristocratie, des exilés politiques et des réfugiés économiques. Mais au-delà, ou à travers, cet axe fondateur, le tango a voyagé autour du monde, s’est ancré au Japon ou en Finlande, à Istanbul ou à Moscou tout au long du siècle dernier, revenant à et repartant de Buenos Aires fort de ces frottements, bifurcations, hybridations.
Des racines africaines du tango (Juan Carlos Caceres) à la rencontre du tango avec les musiques slaves et tsiganes (Jerez Le Cam), en passant par les tangos chantés au féminin du Liban (Soumaya Baalbaki) et du Japon (Anna Saeki), c’est à un long voyage que vous êtes conviés, à la découverte du tango palimpseste, tango nomade plus que mondialisé, tango voyageur plus qu’international, tango en constante évolution, résolument contemporain et passionnément ancré dans la tradition sans cesse renouvelée de cette “passion triste qui se danse”.

Splendor Tango Club – L’Orchestre fil rouge
Le Splendor Tango Club est composé d’un ensemble de six musiciens argentins nés dans le sérail du Tango le plus exigeant ; hyper diplômés (issus de l’Orchestre Intercontemporain ou l’Ircam, conservatoire de Rotterdam avec Beytelmann, ou travaillant avec Juan José Mosalini et Nestor Marconi) et jouant avec les formations les plus pointues (la Academia, El Despues, Anna Saeki, Melingo, El Arrastre, Gotan Project, Tangazo), ils se sont rassemblés autour d’un répertoire de bal. Ils interprètent certains des grands classiques un peu oubliés par les orchestres modernes, avec un style typiquement “milonguero”, romantique et puissant. Leur humour et leur verve implacables sont sublimés par un chanteur – comédien à la gouaille, rêche et canyengue (“canaille”), typique des faubourgs de Buenos Aires.

Anna Saeki – tango japonais
Surnommée “la diva du tango”, elle est considérée comme une des meilleures chanteuses du répertoire d’Astor Piazzolla. Depuis quelques années, Anna Saeki enrichit la scène internationale du tango. L’extraordinaire fascination que suscitent ses interprétations repose sur la relation artistique entre deux cultures apparemment opposées. Elle combine la force d’expression et la passion du tango argentin avec la sensibilité, la gâce et la splendeur de ses racines japonaises. Anna Saeki a créé un style propre, un tango spécifique venu de l’Extrême-Orient. Elle mêle tango classique et contemporain avec coloration particulière. Le mythique poète Horacio Ferrer, qui a été tant mis en musique par Astor Piazzolla dit d’elle : “La voix d’Anna Saeki est comme un parfum !”. Pour l’histoire, notons que Le Japon est l’un des premiers pays en dehors de l’Europe à s’amouracher du tango. Le Baron Magata apprend à danser à Paris dans les années 20 et rentre au Japon avec des enregistrements qui serviront de base à ses cours donnés à l’aristocratie japonaise, qui s’en éprend éperdument. Dans les années 50, pas moins de 20 orchestres de tango sont en activité et certains vont jouer jusqu’à Buenos Aires…

Jerez Le Cam – Tango balkanique
“Syncope du déphasage et des rencontres manquées” tels sont les mots qui viennent à Gerardo Jerez le Cam évoquant sa musique. Ce compositeur et pianiste né en 1963 à Buenos Aires où il réalise ses études musicales au conservatoire Dipolito, intègre de manière transversale des ensembles de musique classique, contemporaine, tout comme des ensembles de folklore argentin et de tango. Le répertoire de Jerez Le Cam est fait de compositions originales où tango et vieux candombés uruguayens s’adjoignent aux musiques de l’Est de l’Europe, de Roumanie, de Moldavie, à travers une rencontre inédite d’instruments : bandonéon, cymbalum, violon et piano. L’écriture de Gerardo Jerez Le Cam révèle un tempo et un style d’une écriture singulière marquée par une rencontre fondatrice avec le violoniste moldave Iacob Maciuca, lorsqu’il arrive en France en 1992.

Juan-Carlos Caceres – Afro-Tango

Arrivé à Paris en mai 1968, Ce chanteur, compositeur, pianiste, tromboniste mais aussi plasticien, conférencier, avait apporté les racines du tango dans les soirées parisiennes dans les années 70. Auprès de Marie Laforêt ou de différents groupes comme le célèbre Gotan, il a conté les déboires d’un migrant d’une manière grave et chaloupée, avec un gout de bois et de feu qui seul lui appartient. Tango archaïque, notes piquées, compositions suspendues : la dynamique de lion, la fièvre chantée – en espagnol et en français – est une incontournable plongée dans l’histoire occultée de la présence africaine en Argentine, et un impeccable prologue pour l’invitation au voyage.

Tangele – Tango yiddish
Tangele (prononcez “TANguélé” avec accent sur la première syllabe) est un mot inventé par Lloïca Czackis. Il combine le mot tango avec le diminutif yiddish “le”», ce qui veut dire : cher, petit tango. Cette création est née en 2002 à Londres, issu de la recherche sur le tango yiddish menée par la chanteuse argentine Lloïca Czackis. Par la main du grand pianiste et compositeur Gustavo Beytelmann, les tangos en yiddish des années 1930 et 1940 ont reçu un nouveau souffle avec ses arrangements à la manière du tango contemporain. En trio avec l’altiste Juan Lucas Aisemberg, Tangele propose une lecture nouvelle de l’extraordinaire voyage du tango, jusqu’au cœur du monde yiddishophone de la diaspora, dans des villes cosmopolites comme Buenos Aires, New York et Varsovie. Depuis 2004 c’est le belge Ivo De Greef qui a rejoint Tangele au piano.

Tomas Gubitsch – Tango iconoclaste
Bien que vivant en France depuis 1977, dans son pays, l’Argentine, où il fut une rock star à 17 ans et le guitariste d’Astor Piazzolla à 19 ans, Tomás Gubitsch est qualifié de “mythique”. En tant que compositeur, beaucoup le considèrent comme l’un des phares du tango actuel. Son histoire parle mieux que toute autre de cette migration aller-retour : “Notre devoir consistait, pour paraphraser Saint-John Perse, à garder la petite flamme allumée, à l’abri de la barbarie des juntes militaires. Paris était la ville où cela était possible. Et nous tous, intellectuels et artistes argentins, fils ou petit-fils d’émigrants européens, accomplissions notre destin, mus par une sorte de complexe d’Ulysse, revenant sur les terres d’où nos ancêtres avaient été – globalement et pour diverses raisons – chassés. Nous-mêmes tout aussi chassés, à notre tour, de notre pays.” Tomás Gubitsch pose peut être l’évocation symbolique la plus transgressée et iconoclaste d’un tango à la Corto Maltese.


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