William Kentridge, Philip Miller, Dada Masilo, Catherine Meyburgh – Refuse the Hour

/ Arts Vivants

Évènement passé

Dans le cadre du festival Paris Quartier d’Eté

N’oubliez pas l’heure, ne l’ignorez pas… Refusez-la ! Seul un artiste virtuose comme William Kentridge pouvait se permettre pareil projet et pareille injonction : refuser le temps… Rien que ça !

Voyageant avec souplesse d’un récit mythologique aux beautés méconnues de la mécanique des horloges, mêlant danse, musique et aventures esthétiques, Refuse the Hour aborde avec une joyeuse nonchalance quelques interrogations essentielles : connaît-on jamais la durée d’un rêve ? Ou celle d’un baiser ? Le même train va-t-il toujours à la même vitesse ? Peut-on continuer à aller de l’avant sans jamais cesser de remonter le temps ? De quoi produire plus de questions que de réponses, mais une certitude cependant : le temps du plaisir ne saurait se mesurer aux autres. Pour preuve : cet opéra de chambre dure 1h 20, et on aurait bien tort de refuser celle-là.

“Je pratique un art politique, c’est-à-dire ambigu, contradictoire, inachevé, orienté vers des fins précises : un art d’un optimisme mesuré, qui refuse le nihilisme.” William Kentridge

Où est le commencement de nos idées, de nos actes ? Si l’on remonte le fil pour s’attarder un instant sur la biographie de William Kentridge, on y trouvera à coup sûr quelques indices annonciateurs de son réjouissant refus du temps. D’origine juive lithuanienne, il est né en Afrique du Sud, fils d’une avocate et d’un juge, tous deux engagés de façon exemplaire dans la défense des droits civiques au temps de l’apartheid. Kentridge étudie la politique, les beaux-arts, et enfin le mime à la célèbre école parisienne de Jacques Lecoq. “J’ai eu la chance de découvrir que j’étais un tellement mauvais acteur que je me suis fait une raison : j’en étais réduit à devenir un artiste.” Une bonne raison si l’on en juge par ses résultats : aussi doué pour le dessin que pour la peinture, passant avec agilité de la direction artistique à la mise en scène d’opéra ou à la réalisation de films d’animation, Kentridge possède la grâce des surdoués pour qui chaque nouveau médium n’est que le véhicule d’une alerte pensée.

Exposé dans les plus prestigieuses institutions – du MoMa de New York à la Biennale de Venise, du Louvre à la dOcumenta de Kassel, Kentridge aurait pu être de ces artistes repus qui vivent sur les légitimes rentes de leur talent. Mais un esprit en éveil cherche toujours ailleurs. Que peut encore désirer un plasticien célébré dans le monde entier, dont les productions s’arrachent chez Sotheby’s, à quoi peut-il encore rêver ? À de nouvelles rencontres, et à un luxe suprême : refuser le temps.


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