Une Mouette

« Entendre La Mouette plus que l’écouter. Désembourber la pièce de son imagerie.», dit la metteuse en scène, Isabelle Lafon. Avec elle, nous allons en quelque sorte voir la pièce à l’oreille, la visualiser dans les mélodies de l’espoir et de la déréliction. Une Mouette émane de La Mouette, de sa partition, au sens musical et étymologique de partage. Elle est donnée en partage aux actrices, distribuée autrement : non pas en accordant un rôle unique à chacune, mais en conviant chacune à piocher tour à tour dans les rôles. A s’y rencontrer. Ainsi, cinq solistes de haut vol – dont Isabelle Lafon elle-même – peuvent entonner les répliques de onze personnages, non pour les féminiser, mais pour en dégager les harmonies, en filtrer les graves et les aigus et les rendre par cinq fois à leur singularité. Les comédiennes se tiennent debout, au plus près de nous, sur le pas de la porte de la maison Tchekhov, choristes aux voix tendues comme des mains qui hisseraient les spectateurs vers la lumière absolue du théâtre, la tentation de la brûlure et le frisson des crépuscules terrestres.

D’après La Mouette de Anton Tchekhov, mise en scène Isabelle Lafon, avec Johanna Korthals Altes, Norah Krief, Isabelle Lafon, Gilberte de Poncheville, Judith Périllat

Au Théâtre Paris-Villette, dont l’existence est en péril depuis quelques semaines….