Le Songe d’une nuit d’été + Métamorphoses (Chaillot)

/ Arts Vivants

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Voici un groupe d’acteurs qui renouvellent radicalement la scène moscovite. Ils sont invités pour la première fois en France par Chaillot et par les Gémeaux, scène nationale de Sceaux. Sortis de l’école du Théâtre d’art de Moscou, où ils ont fait sensation, ils constituent le Studio 7, un statut accordé aux promotions les plus marquantes de cette école d’art dramatique fondée par Stanislavski. Avec Kirill Serebrennikov, ils investissent le Grand Foyer pour une relecture décapante du .

Confusion et chaos contribuent dans Le Songe d’une nuit d’été à produire le plus doux des enchantements. En abordant un tel classique, le metteur en scène Kirill Serebrennikov le confronte à notre réalité contemporaine. La forêt magique et les êtres mythiques qui la peuplent existent d’abord dans l’imagination des personnages. Il recentre le drame autour des rapports hommes-femmes et articule la pièce sur quatre parties conçues comme autant de variantes d’un même scénario. Au texte de Shakespeare, Kirill Serebrennikov adjoint plusieurs monologues, écrits pour l’occasion par le dramaturge Valery Pecheykin, dont l’objet est de révéler l’inconscient des personnages, leurs angoisses et leurs complexes exposés sous forme de confessions. Chaque épisode se déroule dans un lieu différent. Dans un lycée, par exemple, où les élèves participent à une fête lors de la remise des diplômes. Dédoublant Thésée et Hippolyta, il les installe sur des divans de psychanalyste où les héros évoquent leurs difficultés relationnelles avec leurs partenaires, comment ils aspirent au grand amour et autres fantasmes érotiques. Utilisant le texte de Shakespeare, il en fait un révélateur à même de mettre à jour les conflits humains et sociaux à l’oeuvre au coeur de la société contemporaine.


En écho au Songe d’une nuit d’été, les acteurs du Studio 7 prolongent leur analyse des rapports complexes qu’entretiennent hommes et dieux. Métamorphoses est le fruit de leur troisième collaboration avec David Bobee qui prend ici appui sur le texte d’Ovide pour une fresque entre références mythologiques et regard critique sur la Russie contemporaine.

Installé dans un décor de fin du monde, un homme se souvient par à-coups. Des bribes remontent à sa mémoire, histoires fabuleuses qui plongent dans la nuit des temps. Cet homme a tout perdu. En sombrant dans la misère, il a été dépouillé de ce qui le constitue : sa dignité d’homme. Il s’est métamorphosé en un être hybride, entre l’humain et l’animal. Des lambeaux de récits traversent son esprit, des passages des Métamorphoses d’Ovide. En abordant ce classique de la littérature, David Bobee et le metteur en scène russe Kirill Serebrennikov ont choisi de l’inscrire dans une configuration apocalyptique en imaginant une version moderne des histoires racontées par Ovide dans laquelle viendrait s’enchâsser le texte original. Créé avec seize comédiens du Studio 7 du Théâtre d’art de Moscou, le spectacle se déploie dans une scénographie inspirée de l’univers des jeux vidéo ; la violence de l’Antiquité rejoint ici celle de la Russie contemporaine. Pour souligner la façon dont différents niveaux de réalité s’entremêlent, David Bobee a fait appel au chorégraphe congolais DeLaVallet Bidiefono qui a contribué à faire de ce spectacle un télescopage étourdissant entre passé et présent, réalisme et fantasmagorie. Le tout sous l’œil de divinités manipulatrices et peu bienveillantes, qu’elles appartiennent à l’Antiquité ou au monde moderne. (Texte : Hugues Le Tanneur)


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