Les Neiges Bleues (Piotr Bednarski)

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Constitué de courts chapitres inspirés des souvenirs d’enfance de l’auteur, Les Neiges Bleues est le premier roman de Piotr Bednarski traduit en français.

D’origine polonaise, Piotr Bednarski a été déporté en Sibérie avec les siens au début de la Seconde Guerre Mondiale. Seul rescapé de sa famille, rentré en Pologne, il suit une formation d’instituteur, mais sa passion de la mer le détourne de l’enseignement : il passera toute sa vie professionnelle dans la marine marchande.

Ce roman autobiographique raconte la vie de Petia, jeune garçon de 8 ans : une vie entre copains et jeux, mais aussi faim et froid, violence et humiliation.

« Il n’y avait plus ni hier ni demain, il n’y avait que le jour présent, l’aujourd’hui soviétique, triste et pouilleux, où il fallait survivre avec le sourire, pour rester ce qu’on était – un être humain. »

Assigné à résidence dans une petite ville de Sibérie avec sa famille, condamné à devenir adulte avant d’avoir dix ans, il raconte son quotidien de ses yeux d’enfant. Le récit qu’il en fait sonne juste : loin d’être larmoyantes, les histoires sont tour à tour drôles et touchantes. Nous ne sommes pas en enfer, mais dans son antichambre. Les prisonniers abattent des arbres dans la taïga voisine, et le goulag est non loin du village, la Kolyma où tous craignent d’être envoyés.

Malgré les morts quotidiennes, les disparitions, le règne de l’arbitraire, les emprisonnements, le jeune Petia tente de conserver cette joie de vivre propre à l’enfance, survivant grâce à la foi, la beauté et l’amour de sa mère, l’humour et l’amitié, mais surtout grâce à la poésie et sa découverte de Lermontov.

C’est bien sûr un roman sur le totalitarisme soviétique, mais pas seulement. C’est également un roman d’apprentissage. Du pépé qui sculpte son futur cercueil pour rester humain et digne jusque dans la mort, à la grand-mère folle qui croît être devenue un ange pour blanchir les bolchéviques, au jeune coréen Kim qui dispense à la bande les enseignements bouddhistes que lui a transmis son père, toutes les aventures des proches de Petia s’assemblent pour transformer les faits et détails du quotidien en fable morale.

Porté par une écriture admirable et un dépouillement magistral, ce récit est d’une fraîcheur et d’une beauté épurées.

Traduit par Jacques Burko.

 


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