Oleg Dou – Rétrospective (Russian Tea Room)

/ Expositions

Évènement passé

/ Prolongation jusqu’au 17 mai /

Vous aimez regarder les rubriques mode des magazines féminins mais vous les oubliez aussitôt la dernière page tournée? Vous aimez l’art intelligent mais vous n’êtes pas très fan de photo-reportage ? J’ai ce qu’il vous faut!

La Russiantearoom gallery présente jusqu’au 3 mai 2014, 12 photographies et 4 sculptures en porcelaine de l’artiste Oleg Dou, qui a su allier avec génie, une production photographique esthétiquement impeccable à un discours construit sur la notion actuelle de beauté. 

Les portraits présentés sont caractéristiques de l’esthétique particulière de l’artiste, à mi-chemin entre la photographie et la modélisation 3D. Face à ces photos, on ne peut s’empêcher de se questionner. Photographie ou création numérique? Vivante ou inanimée? Authentique ou artificielle? Le doute plane, et le flou s’intensifie quand cohabitent sur le même visage, ces bouches suaves et frémissantes et ces yeux sans vie.

 

Pourtant, au commencement de chaque image, il y a la photographie d’un visage « nu », sans la moindre touche de maquillage. C’est à partir de cette image réelle que l’auteur re-façonne ses modèles, les transformant progressivement en quelque chose de nouveau, grâce à cet outil magique qu’est photoshop!
Le fameux logiciel qui fait de toutes les stars des femmes et des hommes zéro défauts!

En effet, au cours des dernières décennies, le monde a assisté à l’accumulation d’une masse gigantesque d’images dans le domaine de la publicité, de la mode et des magazines. Toutes ces représentations d’êtres stéréotypés, toujours jeunes, aux dents blanches et à la peau parfaitement lisse, ont trompé plusieurs générations de spectateurs.
Nous imposant une image de la beauté aussi figée que les visages du couple Brangelina le soir de la remise des Oscars (encore un peu de botox Brad?).
Aujourd’hui, entre chirurgie esthétique et retouches numériques, la beauté ne paraît être rien de plus qu’une fiction bien orchestrée pour sortir sur papier glacé!

La série « Another Face » fait justement echo à cette recherche impitoyable de la beauté extérieure et du contrôle que l’on veut exercer sur notre corps, notamment grâce à la chirurgie. En effet, les visages des femmes représentées sont couverts de fines bandelettes évoquant des pansements, et sont crayonnés comme pour préparer des incisions. Évoquant tout à la fois la maladie, la mort (référence à la momie égyptienne) et le générique de Nip/Tuck, ces clichés illustrent parfaitement le vent morbide qui souffle sur notre représentation actuelle du beau. Car à trop jouer les apprentis sorciers, nous sommes en train de créer une « beauté au formol », qui suscite tout autant l’envie que l’effroi.

Alors réconciliez-vous avec votre tâche de naissance, vos lunettes grossissantes et votre petit duvet qui font de vous des êtres si vivants, en partant à la découverte de l’intolérable beauté des créatures d’Oleg Dou!

(Photo de couverture : MK 5, de la série « Mushroom Kingdom », 2013 – 5/8, 120×120 cm, tirage Lambda sous DIasec)

Pour en savoir plus sur Anaïs et son blog Les Galeries pour Tous, c’est par ici


Pays :


Continent(s) :