Main basse sur la terre – Marie Dorigny (MEP)

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Marie Dorigny, nous donne dans chacune de ses images une leçon de solidarité, au plus près des conditions de vie, de survie, devrait–on dire, des nouveaux damnés de la terre, victimes d’une gigantesque opération main basse sur le sol mozambicain.

De grands groupes étrangers achètent les immensités fertiles du Mozambique pendant que les familles qui vivaient là sont expulsées on ne sait où, sur des terres sèches où rien ne pousse.

A l’entrée de l’exposition, il imprègne votre mémoire, ce regard frontal et accusateur de la jeune mère et de ses deux enfants, encore prostrés, au milieu du champ de maïs, dont ils ont été dépossédés dans une province au cœur du Mozambique.

Il n’y a jamais de hasard pour justifier la présence d’un(e) photographe sur les cimaises de la MEP. Marie Dorigny attendait ce moment depuis des années. La lauréate du Prix Photo AFD/POLKA 2013 ne le mérite que plus encore.

Toutes ses photos nous révèlent une femme éprise d’égalité, une authentique « Passionara » de l’image engagée. En décembre 1989, la révolution roumaine l’a fait naître au métier. Depuis, ses images, récompensées par de nombreux prix et dénonçant l’insupportable violence sans frontières de nos sociétés, sont devenues incontournables.

Avocate sans concession pour dénoncer le travail des enfants, payés six cents de l’heure au Pakistan pour coudre les ballons de foot Nike, Marie Dorigny n’a eu de cesse de faire de son engagement le miroir fidèle de toutes les atteintes à la dignité humaine. Que ce soit sur les routes verglacées entre la Pologne et l’Allemagne, auprès des prostituées venues de l’est ou au fin fond des vallées encaissées du Népal, ce pays « qui n’aimait pas les femmes », elle se tient aux côtés des victimes dont les droits ont été bafoués.

Sans jamais verser dans l’émotionnel, conjuguant une maîtrise parfaite d’un cadrage à l’opposé de toute dramatisation esthétique, avec un sens inné d’une lumière naturelle baignée de pudeur, Marie ne donne surtout pas en spectacle la souffrance humaine.

Tout n’est que dignité et quête de respect dans le regard de celles et ceux qui ne possèdent plus que leurs yeux pour pleurer.

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