Kwon In-Kyoung, « L’échappée belle »

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Dans le cadre de la série « Regard sur les artistes coréens prometteurs », le centre culturel consacre son exposition à Kwon In-Kyoung et ses paysages urbains.

Elle peint généralement des paysages vus de la fenêtre de sa chambre d’où elle observe l’extérieur. Son regard n’est pas distant ; ce n’est pas un regard du dehors, ou celui d’un étranger, car elle fait partie elle-même de ces paysages. Peindre « son lieu de vie » – au sens large -, c’est en quelque sorte lui donner un sens et réfléchir à sa valeur, cette réflexion s’inscrivant dans un processus de recherche identitaire et de découverte de soi. L’artiste peint ainsi son quartier, sa ville… et sa vie.

Selon Kwon, regarder du dedans, lui permet de porter sur l’extérieur un regard intime, et aussi de « laisser entrer le paysage » dans son propre espace : Chakyung. Ce mot – intimement lié à la conception de la maison traditionnelle coréenne –, signifie littéralement « emprunter le paysage ». Ce qui veut dire que grâce aux fenêtres, tout en étant confortablement installé à l’intérieur de la maison, on a une vue sur le paysage environnant, qui ressemble à un beau tableau. D’ailleurs, en Corée, la maison est conçue de façon à s’intégrer au paysage plutôt que de s’y imposer. C’est cette attitude de respect envers la nature qu’adopte l’artiste en peignant avec sa fenêtre grande ouverte.

La fenêtre figure, parfois de façon implicite, dans les compositions picturales de Kwon In-Kyoung. En représentant près de la fenêtre des objets en gros plan (pots, théière, chaises, livres…), l’artiste essaie de différencier l’intérieur de l’extérieur, soulignant le contraste entre un espace statique et un espace dynamique, parfois chaotique. Mais cette distinction s’efface lorsque le regard devient fluide, tel « un œil vivant » qui pénètre et traverse ce qui l’entoure.

La fenêtre qu’elle peint donne sur un vrai paysage, mais qui se révèle aussitôt irréel. En effet, ce paysage est composé de plusieurs éléments de temporalités différentes, « de regards épais » (dixit Park Young-Taek, critique d’art coréen). Car de nombreux angles de vue du paysage, observé à des moments divers, se retrouvent, grâce à la fluidité du regard, sur un même plan ce qui crée, dans ledit paysage, une impression de planéité et d’opacité. Le collage de livres anciens, dont use l’artiste dans sa peinture, contribue également à ce contraste, représentant le passé qui rejoint le présent. Kwon In-Kyoung nous livre ici, avec un optimisme alimenté par ses expériences de vie, sa vision de la ville, vision certes un peu paradoxale mais à l’image de l’existence humaine…

Née en 1979, Kwon In-Kyoung vit et travaille à Séoul. Elle a étudié la peinture orientale à l’Université Hongik et obtenu son doctorat en 2012. Elle a participé à de nombreuses expositions collectives depuis 2003. Il s’agit là de sa 6e exposition personnelle.


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