Hommage à 4 Grands Photographes du Siècle à la Galerie Camera Obscura

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La galerie Camera Obscura a ouvert sa première exposition en juin 1993, et pour fêter ses 20 ans elle présente 2 expositions, dont la première est un hommage à quatre photographes qui ont compté pour la galerie : Callahan, Lucien Hervé, Willy Ronis et Shoji Ueda.

Présentation du fondateur de la Galerie Camerca Obscura Didier Brousse sur ces rencontres, échanges et amitiés qui se sont crées et noués au fil des années :

Cette exposition rassemble un peu plus de quarante photographies choisies par affinités dans l’oeuvre de ces quatre grands photographes du siècle. Ils n’appartiennent certainement pas à un courant commun, et leur oeuvre s’est développée, sur trois continents, dans des milieux et des cultures de l’image très différents, mais, à travers les choix proposés, j’espère que le regard singulier de chaque spectateur, trouvera un intérêt, un enseignement, un plaisir à les découvrir rassemblés pour
cette exposition. A des titres divers, chacun de ces artistes a accompagné l’histoire de la galerie. Ils ont compté dans la formation mon regard, et, pour deux d’entre eux, été de proches amis.

Harry CALLAHAN

Né à Detroit en 1912, il a enseigné la photographie à l’Institute of Design de Chicago à partir de 1946. Il a notamment pour élève Yasuhiro Ishimoto, qui deviendra, avec son livre « Someday Somewhere » (1958), un précurseur de la nouvelle photographie japonaise des années 60. Le maitre et l’élève entretiendront des relations amicales jusqu’au décès de Callahan en 1999. Un an plus tôt, en 1998, nous avions rassemblé ces deux artistes dans une exposition. C’est un privilège de proposer à nouveau un choix des
magnifiques tirages réalisés par Callahan, qui fut pour la photographie un subtil inventeur de formes, mêlant avec discrétion et profondeur sa vie et son oeuvre.

Lucien HERVÉ

En juin 1993, mon épouse Kiyoko et moi ouvrions la galerie Camera Obscura avec une exposition consacrée à Lucien Hervé. J’avais travaillé pour lui depuis 1985, réalisant ses tirages avec mon associé Jean-Pierre Haie, à l’Atelier Demi-Teinte. La rencontre avec l’oeuvre m’a beaucoup appris, et la personne m’a marqué humainement.
Le roman de la vie d’Hervé me semblait enclos dans ce corps diminué par l’âge, mais soutenu par une volonté tranquille. Combien d’histoires, de péripéties pour cet homme né dans l’empire Austro-Hongrois, et mort dans le Paris des années 2000. J’essayais de l’imaginer, adolescent, à Budapest, traversant le Danube à la nage en plein hiver pour relever un défi, ainsi qu’il me l’avait un jour raconté. Et, à vingt ans, sa venue à Paris, le dessin, la résistance, les arts, la photographie, Le Corbusier…
De tout cela, il reste une oeuvre photographique, réalisée en peu d’années, car compromise par la maladie qui le frappe en 1963, et cependant très riche. Lucien Hervé retravaillait sans cesse le matériau de ses archives et son oeuvre n’a pas, ou peu, été fixée dans une forme définitive. Il faut être attentif à en respecter l’esprit. De ce point de vue, l’expérience du tireur est précieuse. Sous l’agrandisseur, peaufiner un cadrage, façonner la lumière, permet une intimité avec l’oeuvre qui m’a beaucoup servi dans mon travail avec Hervé.

Shoji UEDA

Né en 1913 dans une petite ville du sud-ouest du Japon, Sakaïminato, il y est décédé en 2000. Ueda tenait avec sa femme une boutique de photographe de province et vendait films et appareils. Il se considérait comme un amateur, et il a pourtant produit l’une des oeuvres les plus attachantes de la photographie japonaise du XXème siècle.
C’est grâce à sa petite fille, Kaoruko, décédée depuis, que nous avions pu montrer une exposition Ueda en 2008. Nous sommes heureux de pouvoir à nouveau montrer une sélection d’oeuvres en cette année du centenaire de la naissance de Shoji Ueda.

Willy RONIS

Je l’ai connu comme étudiant, suivant son cours sur l’histoire de la photographie à l’Université de Provence (Marseille).
Je l’ai contacté peu après l’ouverture de la galerie et une collaboration amicale a débuté par l’organisation d’une exposition à Tokyo, puis à la galerie, pour la première fois, en 1996.
Il reste dans mon esprit comme un modèle de courtoisie, de franchise. A la fois bienveillant et d’une très délicate attention aux autres, il savait aussi être strict dans ses principes. Travailler avec lui a été un privilège et une joie. Bien que cette veine illustrative soit honorable, Willy Ronis est à mon avis un photographe plus profond que ne le laissent paraître certains livres sur la Provence ou les chats… La richesse de son oeuvre est dans le sentiment poignant d’une existence saisie en une image que nous procurent ses meilleures photographies : celles de sa femme, d’enfants saisis dans leurs jeux au fond d’une péniche, d’une passante sous l’aile noire du « Lutetia » au crépuscule… Il y a un mystère dans l’émotion qui nous saisit à détailler ces traces, si précises et si impondérables, d’une vie entrevue.


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