Gaël Turine – Le mur et la peur (Galerie Fait & Cause)

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La galerie Fait & Cause, rue Quincampoix, présente l’expo « Le mur et la peur »: entre l’Inde et le Bangladesh, les 3000 km de frontière sont marqués par un mur de briques ou de fils barbelés…

Quelle que soit l’appellation – mur, barrière ou clôture –, la construction par un état d’une séparation physique avec un pays voisin démontre l’échec de la diplomatie et de la conciliation, laissant la radicalisation l’emporter. Jamais, depuis le Moyen-Age, autant de murs, barrières et clôtures n’auront été érigés à la frontière entre deux pays, ou de plus anciens murs rénovés ou reconsolidés.

Ces murs attisent les tensions, aggravent les précarités, accentuent les fossés culturels et religieux entre les peuples, sans solutionner les problèmes qui poussent les gens à émigrer.

Dès 1993, l’Inde a entamé la construction d’un mur de séparation de trois mille deux cents kilomètres tout au long de sa frontière terrestre avec le Bangladesh. Fait de briques dans quelques villes frontalières et d’une double haute clôture de fils de fer barbelés dans les campagnes et villages, ce mur est le plus long du monde.
Les autorités indiennes en justifient l’édification par la protection de l’infiltration de terroristes islamistes agissant dans certaines régions indiennes indépendantistes, l’immigration économique bangladaise et la lutte contre les trafics illégaux de marchandises.

Cette frontière, sévèrement gardées par la Border Security Force indienne et la Border Guard Bangladesh, est également la plus dangereuse puisque, selon les chiffres officiels, une personne a été tuée tous les cinq jours au cours de ces dix dernières années. La BSF est également accusée d’arrestations musclées, d’actes de torture et de viols. La quasi-totalité des victimes sont des Bangladais qui, pour des raisons économiques, familiales, religieuses, sanitaires, environnementales… tentent de traverser la frontière. Comment les blâmer alors que le pays souffre de tous les maux : grande pauvreté, grave surpopulation, fréquentes tensions politiques, catastrophes naturelles récurrentes…

Le rêve d’une vie meilleure l’emporte sur le danger encouru. Le mur à franchir devient le symbole de tout ce que les Bangladais veulent fuir.

Gaël Turine

© Gaël TURINE - Inde. Des Bangladaises, passées illégalement en Inde, courent au pied du mur érigé le long de la ville frontalière de Hili. Elles ont acheté des marchandises indiennes (épices, bijoux, produits de beauté, médicaments...) qu’elles revendront au Bangladesh. © Gaël TURINE - Bangladesh. Derrière la vitre brisée du train qui longe la frontière sur quelques kilomètres dans la région de Hakimpur, un passager attend son contact local qui lui remettra des produits indiens de contrebande.

© Gaël TURINE - Inde. Entre deux patrouilles de la Border Security Force, des Bangladaises descendent du mur de séparation qu'elles ont escaladé de l'autre côté. Elles arrivent les mains vides mais repartiront chargées de produits de contrebande Gaël Turine - Le mur et la peur (Galerie Fait & Cause)

 

Gaël Turine est l’auteur de plusieurs monographies dont Aveuglément, dans la collection Photo Poche société, sur les coopératives pour aveugles en Afrique de l’Ouest. En 2004, après plusieurs voyages en Afghanistan, le livre Avoir 20 ans à Kaboul est édité. Un travail au long cours, mené avec le cancérologue pédiatrique Eric Sariban, aboutit en 2009 à Aujourd’hui c’est demain, aux éditions Delpire.

De 2005 à 2010, il se consacre au vaudou pour publier Voodoo aux éditions Lannoo. Il a participé à de nombreux ouvrages collectifs. Son travail, souvent exposé, est publié dans la presse internationale, et a également été primé. Depuis ses débuts, il collabore avec différentes ONG. Il a bénéficié de bourses en Europe et aux Etats-Unis. Gaël Turine est membre de l’agence VU.


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