August Sander – Persécutés/persécuteurs, des Hommes du XXe siècle

(Mémorial de la Shoah)


/ Expositions

Évènement passé

Avec des centaines d’images aussi prodigieuses que troublantes, August Sander laisse une œuvre immense : de 1920 à 1954, il photographie ses concitoyens allemands, met en lumière les gens de l’ombre et nous propose un rendez-vous avec l’intrigante vérité d’une époque.
Une époque qui placera devant son objectif « persécutés » et « persécuteurs » : militants communistes, tsiganes, prisonniers politiques, membres des jeunesses hitlériennes, soldats, officiers SS et Juifs.

 

Le Mémorial de la Shoah présente pour cette exposition 120 portraits, extraits des Hommes du XXe siècle et des tirages contact inédits. du photographe.

Que veulent nous dire ces photos ? Le Mémorial tente de répondre à cette question dans une exposition qui aura lieu du 8 mars au 15 novembre 2018. À travers plusieurs séries de portraits réalisés sous le Troisième Reich, le Mémorial de la Shoah met à l’honneur des hommes et femmes victimes de l’idéologie nazie. La force de Sander réside dans la mise à plat par le portrait de la diversité, sociale, politique, mais aussi et surtout l’unicité des Hommes. Et à cet égard, il renouvelle notre questionnement sur l’impossible, dont le Mémorial a pour mission de rappeler, sans relâche, qu’il a été possible.

August Sander Persécutés/persécuteurs, des Hommes du XXe siècle

Né en 1876 près de Cologne d’une famille de mineurs, August Sander quitte l’école pour l’exploitation minière en 1890. À 16 ans, il se procure son premier appareil photo et découvre un médium pour lequel il va rapidement se passionner.

En 1897, durant son service militaire à Trèves, il intègre un studio photo en tant qu’assistant. Il poursuit son apprentissage entre Berlin, Magdebourg, Halle, Leipzig et Dresde, puis s’installe à Linz, en Autriche, où il se met à son compte en 1904 en tant que photographe professionnel.

Marié et père de quatre enfants, il rejoint ses parents à Cologne en 1910 où il va ouvrir son atelier de portraitiste professionnel, au 201 rue de Düren. Enrôlé dans l’armée en 1914, c’est Anna Sander, son épouse, qui dirigera seule l’atelier jusqu’en 1918. Pacifiste et socialiste, profondément marqué par les atrocités de la Première Guerre mondiale, August Sander va poser un nouveau regard sur ses portraits de paysans d’avant-guerre. Refusant d’adhérer aux flous artistiques qui subliment à l’époque les photos d’art, il choisit au contraire d’accentuer les contrastes clairs-obscurs qui font ressortir les marques du travail agricole sur les visages et les mains de ses modèles.

August Sander Persécutés/persécuteurs, des Hommes du XXe siècle August Sander Persécutés/persécuteurs, des Hommes du XXe siècle ; Manoeuvre - 1929

Les images qui composent l’œuvre majeure d’August Sander, les Hommes du XXe siècle (Menschen des 20. Jahrhunderts), furent quasi intégralement réalisées sous la République de Weimar, même si les prises de vues vont se poursuivre jusqu’en 1954. Ces centaines de portraits sont classés en sept groupes (« Le paysan », « L’artisan », « La femme », « Les catégories sociales et professionnelles », « Les artistes », « La grande ville » et « Les derniers Hommes »). August Sander n’ayant pas eu le temps d’achever son travail, la composition de l’ouvrage final a été reconstituée par ses descendants à partir des instructions écrites qu’il a laissées.

Paysans, soldats, militaires, hommes politiques, saltimbanques, hommes d’affaires, serveurs, August Sander a photographié pas moins de 600 professions. Débuté dans le monde paysan, le cycle s’achève dans la grande ville, avec ses mendiants, ses chômeurs, ses infirmes, tous ceux « marqués par la vie », que Sander appelle « Les derniers Hommes ». À la fin de la guerre, il intègre aux Hommes du XXe siècle le portfolio « Prisonniers politiques », constitué de photographies prises par son fils Erich Sander, emprisonné en 1934 en raison de ses opinions politiques, ainsi que des portraits de Juifs de Cologne réalisés pour des pièces d’identité en 1938-1939 alors que ceux-ci cherchent à fuir l’Allemagne nazie.

August Sander Persécutés/persécuteurs, des Hommes du XXe siècle

Stylistiquement, le travail de Sander se rapproche d’un travail documentaire, associé à une incroyable rigueur technique : les poses sont travaillées, les clairs-obscurs maîtrisés, il nous entraîne au-delà du visible. Les différences sociales, inscrites dans le langage corporel des personnes photographiées ou dans des objets symboliques liés aux professions, créent ce qu’il nomme des « instantanés physionomiques de son époque ». Il espère laisser une image de la société allemande du XXe siècle fidèle à la réalité, et c’est cette obsession pour la vérité qui rend son oeuvre incroyablement moderne et lui confère une place significative dans l’histoire du portrait. Le caractère « sériel » de son travail renforce la singularité de l’oeuvre et va influencer de nombreux artistes comme Diane Arbus ou Bernd et Hilla Becher.

August Sander Persécutés/persécuteurs, des Hommes du XXe siècle
Julian Sander, Fondateur de la galerie Julian Sander et arrière petit-fils d’August Sander

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