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Sortie en salles le 14 mars 2012 – Italie – 1h28

Une petite île au large de la Sicile, à proximité de l’Afrique. Filippo, sa mère et son grand-père n’arrivent plus à vivre de l’activité traditionnelle de la pêche. L’été arrivant, ils décident de louer leur maison aux touristes, qui arrivent de plus en plus nombreux chaque année. Un jour Filippo et son grand père sauvent des eaux un groupe de clandestins africains malgré l’interdiction des autorités locales. Les familles de pêcheurs, jeunes et anciens, se confrontent alors sur l’attitude à tenir : faut-il les dénoncer aux autorités pour la quiétude des touristes ou respecter les valeurs morales de solidarité héritées du travail de la mer ?

Le réalisateur, Emanuele Crialese, 10 ans après ‘Respiro’, revient donc de nouveau en Sicile. Il raconte la génèse du film:

« Revenir sur l’île de Respiro durant l’été 2009…
J’ai retrouvé un endroit très différent de celui dont je me souvenais durant le tournage de Respiro… Mon rocher perdu au milieu de la mer est maintenant une terre frontalière. Des épaves de barques à moitié immergées, qui attendent d’être effacées par la mer, des vedettes à moteur avec canons et mitrailleuses, de la confusion et du désespoir. Je reste seul sur l’île à attendre…

Après 21 jours de dérive, une grosse barque avec à son bord plus de soixante-dix personnes, accoste à Lampedusa. Seules cinq ont survécu, ensevelies sous les cadavres des compagnons de voyage. Parmi elles, une seule femme : Timnit T. Je vais à sa rencontre. Je la trouve souriante, elle dit qu’elle est née une deuxième fois. Cela fait des années que j’observe les images de ces grosses barques qui accostent sur nos côtes, que j’écoute les récits des survivants, de ceux qui « n’ont pas coulé ». La presse parle d’ « exode », de « tsunami humain », de « clandestinité », d’ « immigration ». En regardant Timnit ces mots me paraissent dépourvus de sens. Ce ne sont pas des noms qu’elle peut porter. Elle ne correspond pas à ces mots. Timnit a le regard de quelqu’un qui a risqué sa vie pour changer son histoire, elle a traversé la mer, une autre odyssée, un autre voyage vers l’évolution. Tant qu’il y aura une vie sur terre, les hommes partiront pour améliorer leur propre sort. Le mouvement est action et l’action est connaissance.
Comment peut-on nier à un homme le droit d’aller, de chercher, de connaître et donc d’évoluer ?
Comment peut-on raconter une histoire et utiliser des mots comme « clandestin », « immigré » ou « extracommunautaire » ?

Un matin je me réveille en pensant à une phrase : « il était une fois »…
Je commence à écrire comme si je m’adressais à un enfant, comme si je pouvais retrouver l’enfant qui est en moi. J’ai cherché un langage libéré des préjugés et des peurs. Je ressens un sentiment de révolte à l’idée d’être traité comme un enfant désobéissant, à qui l’on dit encore « attention à l’homme noir qui te mange tout entier »… C’est la rengaine que nous entendons depuis des années, c’est l’instrument utilisé pour nous rendre plus dociles, plus fragiles, pour susciter en nous un plus grand besoin de protection.
Je reviens vers Timnit et lui demande de s’embarquer avec moi, sur une barque imaginaire, celle de la représentation. Je lui propose de réinterpréter quelques moments de sa véritable histoire avec la possibilité, si elle en est d’accord, de pouvoir la changer, la réécrire, la recréer.
Je lui propose une rencontre avec une autre femme, une insulaire qui a le même désir de partir, de reconstruire ailleurs, pour aller mieux, pour aider son fils à grandir sans peur. »

Le film a été nommé dans de nombreux festivals, et a reçu le Grand Prix Spécial du Jury de la Mostra de Venise 2011.

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