Les Promesses d’Hasan

/ Cinéma

Lorsque Hasan apprend qu’un pylône électrique va être installé sur les terres qu’il cultive, il manœuvre afin que son champ soit épargné.

Mais avant de partir en pèlerinage à la Mecque, il promet à sa femme de réparer ses erreurs passées.

Production : Turquie

Durée : 2h27

 

 

Interview du réalisateur, Semih Kaplanoglu

> Quelle a été l’inspiration pour faire ce film ?
« Pendant que j’attendais la sortie de mon film « Grain » qui a mis cinq ans à se faire, j’ai commencé à écrire de courtes histoires, les unes après les autres. Ces histoires ont évolué en scénario. « Les promesses d’Hasan » est le deuxième film de la « Commitment Trilogy » qui provient de ces courtes histoires que j’avais écrites.

Mes histoires s’intéressent aux conflits humains que nous traversons tous, quelles que soient nos origines. Elles sont centrées sur les questionnements des personnages, issus de différentes classes sociales. Chacun a son propre chemin de vie; chacun tente d’en comprendre le sens, qui est unique à chacun et que le rôle social que tient chacun ne permet pas d’expliquer.

Pour moi, c’est important de faire ressentir aux spectateurs ce que ressent tout être humain, la douleur, le remords, les angoisses, tandis qu’à l’image j’essaie de filmer leurs conflits et leurs contradictions. Je pense que l’origine de la souffrance est a quelque chose à voir avec le lien authentique et invisible qui nous connecte les uns aux autres.
« Hasan » raconte un lien entre deux frère qui est sur le point de se briser. »

> Pouvez-vous décrire vos méthodes de travail et l’atmosphère du tournage ?
« J’ai commencé à imaginer mon film pendant les repérages. La construction narrative du scénario a évolué au fur et à mesure des jours. Quand je suis sur le terrain, je conçois les ajouts et les manques du scénario plus clairement.
La nature, les visages, les véhicules, les ombres et lumières, les ponts au-dessus des rivières, les vergers, les sons de la nuit, des arbres et des animaux vous éloignent des mots du scénario pour vous amener dans l’univers du film. De là, les choses que j’éprouve ou dont je suis témoin et les personnages que je croise dans les lieux que je traverse en repérages deviennent une partie intégrante du scénario.
Ainsi, lors d’une journée caniculaire dans la campagne, j’étais dans un salon de thé vers midi. Presque toutes les tables à l’ombre du sycomore était occupées par des fermiers épuisés par la chaleur. Puis ils ont quitté les lieux. Tout le monde avait disparu, comme si le village était désert. Soudain, un jeune homme en costume avec une mallette fit son apparition en face du salon de thé. Il commanda une boisson fraiche au serveur, qui nettoyait les tasses de thé à moitié vides et les cendriers pleins de cigarettes encore fumantes. Il jeta un coup d’œil à la scène, qui lui était apparemment familière, avec un sourire ironique. Nos regards se croisèrent. Il était ce jeune employé de la banque de crédit qui recherchait les fermiers pour leurs prêts impayés et c’est ainsi qu’il devint un personnage du film. »

> Pouvez-vous nous parler de vos acteurs ?
« J’ai découvert Umut Karadag, qui joue le rôle de Hasan, sur une photo de tournage. On me proposait l’acteur à côté de lui. J’étais happé par Umut, plutôt que par l’acteur suggéré. L’expression qu’il avait sur la photo avait quelque chose de l’air archaïque d’un homme qui travaille la terre. Je pense que, avec l’aide d’Umut, nous avons transformé son visage en une image iconique. Bergman avait raison, le cinéma commence avec un visage. J’ai été très touché par son engagement envers le film.
C’est également sur une photo que j’ai vu pour la première fois Filiz Bozok qui joue Emine. Elle avait un regard très fort et intelligent qui me rappelait ces anciennes générations de femmes de ma famille qui travaillaient la terre. Elle devait utiliser son authenticité et son intuition pour incarner le personnage de Emine, et laisser de côté cette grande expérience du théâtre qui est la sienne. Au montage, quand j’ai revu ses scènes, j’y ai trouvé de grandes subtilités d’interprétations. Je pense qu’elle n’a pas joué Emine, elle l’a incarnée. Comme les arbres, la terre et le ciel dans cet endroit particulier. »

> Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?
« L’histoire se déroule dans un Istanbul qui tient autant des années 1930 que 2020 et l’âme perdue de la ville se reflète en miroir dans le désespoir amoureux du protagoniste. »

 

>>> Quelques critiques

L’Obs : « Ce film est somptueux. Et tellement loin des normes, des complaisances et des agitations de notre époque. »

L’Humanité : « Puissance du plan-séquence, intégration idéale des éléments au récit et aux humeurs des personnages (le vent omniprésent, le soleil écrasant). Kaplanoglu est un expressionniste de la nature, dont la beauté et le mystère relativisent la complexité tortueuse de la « comédie humaine ». »

La Croix : « L’intrigue est minimale et s’accorde pourtant parfaitement avec les 2 h 27 d’un film à la beauté subtile, sorte de plongée sensorielle et métaphorique dans la conscience d’un homme qui a de nombreux péchés à se faire pardonner. »

Libération : « Ce que cette amère pastorale contient de plus beau relève d’une collection de moments bercés par les rythmes de la campagne, une carte solaire et sensorielle d’un paradis innervé tout entier par le son du vent dans les branches. »

 

>>> Les séances

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