Le Repenti

/ Cinéma


Évènement passé

Sortie dans les salles françaises le 10 avril 2013 – Algérie / France – 1h27

Merzak Allouache revient sur un sujet quasi tabou en Algérie: la Concorde civile et le sort des islamistes revenus des maquis. Comment se passe la réconciliation ? Peut-on facilement occulter la violence de toutes ces années ? Pour son film, Merzak Allouache n’a reçu aucune aide en Algérie ni soutien des médias. D’ailleurs, le film n’y sera pas ou très peu distribué, dommage…

Algérie, région des hauts plateaux.

Un jeune homme court dans la neige trainant son balluchon. Rachid est un islamiste maquisard qui regagne son village grâce à la loi de « Concorde civile ». Entrée en vigueur en 2000, elle est censée mettre fin à la « décennie noire », qui a coûté la vie à environ 200 000 personnes. La loi promet à tout islamiste repentant qui rendrait ses armes en promettant n’avoir pas de sang sur les mains, une quasi amnistie et la réinstallation dans la société. Mais la loi n’efface pas les crimes et Rachid s’engage dans un voyage sans issue où s’entremêlent la violence, le secret et la manipulation.

YouTube Video Preview

Le réalisateur Merzak Allouache raconte: « A partir de 1993, j’ai vécu six ans sans pouvoir rentrer en Algérie pour des raisons de sécurité personnelle. Et lorsque s’est profilée l’idée d’un arrêt de la violence qui ensanglantait le pays, j’étais très heureux. En 1999, lorsque je suis rentré, j’ai retrouvé un pays où régnait un optimisme étonnant et irréel. Une politique de Concorde civile était proposée au peuple algérien pour permettre, semblait-il, l’arrêt total de la violence. La presse nous apprenait que des contacts secrets entre l’armée et les islamistes qui se trouvaient dans les maquis allaient permettre très vite le retour de ceux-ci dans leurs foyers et l’arrêt des massacres, des embuscades, des attentats… Les Algériens découvraient un mot nouveau, « repenti » (ta’ib, en arabe), désignant ceux qui abandonnaient la lutte armée et se plaçaient sous l’autorité de l’Etat. Alors que le pays était meurtri, l’Etat encourageait les gens à oublier, à se réconcilier… Je me demandais comment les familles des milliers de victimes de l’horreur pouvaient réagir à cette nouvelle situation, alors que par centaines, des terroristes quittaient les maquis en se justifiant de n’avoir pas eu « de sang sur les mains ». Alors que les bonnes affaires reprenaient…, nous redevenions tous des « frères », comme par magie…

C’est au cours de cette période euphorique que j’ai découvert un petit article racontant la terrible histoire d’un homme qui avait été contacté par un « repenti » qui lui proposait un horrible marché… L’homme, scandalisé, avait écrit une lettre au journal. Et puis plus rien. Avait-il accepté ? Cette histoire m’a tellement hanté que j’ai décidé de faire ce film dans l’Algérie d’aujourd’hui, où l’amnésie continue, alors que l’optimisme artificiel a disparu et que dans certaines régions, la violence terroriste est toujours aussi meurtrière, avec ses corollaires : la répression et la restriction de libertés. Depuis, j’attends avec impatience quelque chose de positif qui démontre que cette réconciliation a réussi, qui me permette d’être optimiste. Mais ça ne vient pas. »

>>> Quelques critiques:

Télérama: « Horreur enfouie sous le tapis, amnésie politique, manipulation : le tableau, ici, est inquiétant. Il ne vise personne, il rend compte plutôt d’une tension diffuse, où le silence est oppressant. D’où cette intrigue truffée d’ellipses, ce mystère entretenu, appuyé même. Mais, par ses déplacements incessants, par ses passages dans des logements qui semblent provisoires, par sa manière de filmer chaque protagoniste comme une personne poursuivie, il montre la hantise à l’échelle d’un pays. »

Le Monde: « Voici un film très sec, fait de trous dans le récit, de silences, de gestes esquissés, qui pourtant expriment une violence insupportable. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, tourné à l’hiver 2011 en Algérie, Le Repenti fouaille les plaies qu’a laissée la guerre civile des années 1990. Pas par complaisance, simplement parce qu’elles sont là, toujours béantes. Il se dégage du film un désespoir presque intégral, encore exacerbé par la lucidité. »

Cahiers du Cinéma: « Après des comédies ratées (Chouchou, Bab el web), Merzak Allouache était revenu à un cinéma plus engagé où l’enjeu du grand sujet (l’immigration dans Harragas, les printemps arabes dans Normal!) écrase souvent toute ambition de mise en scène. Il y a du mieux dans Le Repenti. »

Transfuge: « Même si le cinéaste ne fournit aucune explication et nous laisse à la traîne de son récit, on est immergés dans cette ambiance de « concorde civile » où se dessine l’image d’un pays tout en rancoeur souterraine et violence contenue. »

>>> Pour trouver votre séance à Paris, c’est ici


Pays :


Continent(s) :

Découvrez aussi