La Pirogue

/ Cinéma


Évènement passé

Sortie dans les salles françaises le 17 octobre 2012 – Sénégal / France – 1h27

Un village de pêcheurs dans la grande banlieue de Dakar, d’où partent de nombreuses pirogues. Au terme d’une traversée souvent meurtrière, elles vont rejoindre les îles Canaries en territoire espagnol.
Baye Laye est capitaine d’une pirogue de pêche, il connaît la mer. Il ne veut pas partir, mais il n’a pas le choix. Il devra conduire 30 hommes en Espagne. Ils ne se comprennent pas tous, certains n’ont jamais vu la mer et personne ne sait ce qui l’attend.

Sélection Officielle Un Certain Regard – Festival de Cannes 2012
Sélection Officielle Festival d’Angoulême 2012 – Prix du Public et Prix de la mise en scène
Festival de Locarno 2012

Le réalisateur Moussa Toure explique comment le film est né: « C’est parti d’un constat très simple et évident : au Sénégal, chaque famille compte au moins un de ses membres qui s’est embarqué dans une pirogue pour tenter sa chance en Europe. Notre peuple grandit avec l’horizon au loin, mais la seule manière de l’atteindre pour les plus jeunes, c’est de partir. La moitié de
la population a moins de 20 ans, et il n’y a aucune perspective d’avenir pour elle. Un jour, j’ai découvert que mon mécanicien, qui est tout jeune homme, avait lui aussi tenté l’aventure. Il était monté à bord d’une pirogue, mais avait été reconduit au pays deux mois plus tard. Quand je l’ai retrouvé, je l’ai longuement interrogé et j’ai noté des éléments de son récit qui, par la suite, m’ont inspiré pour le film.

Je voulais que les hommes qui s’embarquent sur la pirogue soient d’origines ethniques différentes. Le Sénégal compte douze ethnies qui cohabitent sur le même territoire et entretiennent de bonnes relations. Elles s’unissent autour du marabout, qui constitue un véritable socle de cette société. C’est lui qui prône le rassemblement. Quand il y a une tension, il s’élève
et trouve une solution pour rétablir l’entente. C’est ainsi que sur le bateau, se retrouvent côte à côte des Toucouleurs, des Wolofs et des Guinéens qui sont Peuls. Et chaque ethnie a son propre mode de fonctionnement : les Toucouleurs sont très religieux et spirituels, tandis que les Wolofs sont plus individualistes, et que les Peuls forment une collectivité réunie derrière son propre chef. Du coup, la promiscuité de la pirogue ne rend pas la cohabitation facile… Et c’est d’autant plus vrai que chacun a une bonne raison de partir : l’un veut devenir footballeur, l’autre musicien, le troisième, unijambiste, veut se soigner, et beaucoup d’autres souhaitent la réussite matérielle.

(…) Ces jeunes vivent d’espoir, et ils savent bien que, quoi qu’il en soit, «là-bas, c’est mieux qu’ici» – ce qui est terrible car c’est le début de la dérive. D’ailleurs, «c’est mieux qu’ici» aurait pu être le titre du film. Lorsque plus rien n’est moteur dans un pays, qu’il n’y a plus une lueur d’espoir, les jeunes ne réfléchissent plus, ils s’embarquent et prennent la mer à leurs risques et périls. La pirogue est une métaphore du pays qui part à la dérive, quand il n’y a plus d’horizon. »

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