La Femme qui est partie

/ Cinéma


Évènement passé

La Femme qui est partie – Sortie dans les salles françaises le 1er février 2017 – Philippines – 3h46

Horacia sort de prison, trente ans après avoir été injustement incarcérée.

Elle a deux raisons de vivre: se venger de l’homme qui l’a fait condamner et retrouver son fils.

Le réalisateur Lav Diaz en dit plus sur son film :

Comment choisissez-vous vos acteurs ? Vous qui privilégiez la règle du « un plan, une prise », préférez-vous travailler avec des non professionnels qui n’ont pas les habitudes d’un tournage plus traditionnel ?
Pour ce film, les choses se sont faites presque naturellement. Je parlais avec Charo Santos-Concio, qui n’avait pas tourné depuis dix-sept ans, je lui ai demandé si elle désirait encore jouer, et elle m’a répondu : « volontiers, si je trouve un rôle qui me convient ».
Je tente de trouver des acteurs qui soient justes par rapport aux rôles que je crée. Je peux mélanger professionnels et non-professionnels. Je suis très strict quant à mes dialogues. Les acteurs ont loisir de les retravailler tant que l’essence des mots n’est pas compromise et que cela n’altère pas la nature du personnage. Un changement dans le rythme, la forme d’une phrase, la syntaxe, la façon de parler peut facilement détruire la construction d’un personnage.
La préparation du film varie en fonction des besoins des acteurs. Je leur donne le scénario, ils se préparent, et j’attends qu’ils soient prêts. Sur le plateau, je leur montre précisément le cadre, afin que chacun puisse travailler en ayant conscience de son espace de jeu, de son interaction avec les autres personnages, et de tous les éléments qui interviennent à l’intérieur du plan.

Vous avez situé le film en 1997. Est-ce parce que c’est l’année où la Chine reprend le contrôle de Hong Kong ?
1997 est une année très riche en évènements, ce qu’on souligne rarement. En 1997, il y a eu la mort de Lady Diana, de Mère Teresa, de Gianni Versace, et la fin du contrôle britannique de Hong Kong. C’est ce qu’on peut appeler une année iconique. Aux Philippines, c’était une période noire. Les kidnappings avaient atteint un niveau record. Nous étions devenus la capitale asiatique du kidnapping. La plupart des victimes étaient de riches Sino-Philippins. Il y avait un fort sentiment anti chinois car tout le monde croyait, à tort, que les Chinois contrôlaient l’économie du pays. Il régnait aux Philippines une xénophobie tenace.
J’ai choisi cette période foisonnante et mémorable comme ancrage esthétique et base narrative, pour pouvoir modeler les origines et les actions de mes personnages en conséquence. Cela a aidé les acteurs à définir les émotions, les perspectives et les comportements de leurs personnages.

Ce film dure trois heures quarante, ce qui est plus court que vos précédents longs métrages. Est-ce la narration qui dicte la durée du film ?
Identifier la durée qu’aura le film ne fait pas partie de ma façon de travailler. Je filme avec fluidité, de façon très organique, je ne calcule aucune durée comme le font les productions plus conventionnelles, notamment en se servant de story-boards, des outils que je trouve néfastes car limitatifs. Ce que vous appelez durée ne se matérialise qu’en post-production. Parfois, j’en ai l’intuition au tournage, en fonction de la qualité des rushes.

>>> Quelques critiques : 

Télérama : « Entre eux se noue un mélo sublime, où les blessures s’apaisent dans les larmes et les chansons, et dont le dénouement, prévisible et pourtant surprenant, glisse, soudain, vers un onirisme flamboyant… »

Le Journal du dimanche : « Une fois acclimaté, le spectateur perd toute notion du temps et se sent happé par cette histoire fictive, réaliste, à la fois singulière, sombre et humaine. »

Le Monde : « Malgré sa durée, le mélodrame stylisé de Lav Diaz finit par émouvoir. »

Cahiers du Cinéma :  »

Le film n’est pas dépourvu de complaisances, la durée des séquences, parfois rédhibitoire, peut faire refluer l’émotion, mais on sent une volonté de distanciation austère et analytique. »

>>> Pour trouver votre séance à Paris et dans les environs, c’est ici


Pays :


Continent(s) :

Découvrez aussi