Héritage
/ Cinéma
Évènement passé
Réalisateur : Hiam Abbass
Casting : Hafsia Herzi, Hiam Abbass, Yussef Abu Warda
Sortie dans les salles françaises le 12 décembre 2012 – France / Israël – 1h31
Le premier film réalisé par Hiam Abbas, comédienne que l’on adore !
Une famille palestinienne se rassemble dans le Nord de la Galilée pour célébrer un mariage, dans un climat de guerre.
Lorsque le patriarche tombe dans le coma, les conflits internes font exploser peu à peu l’harmonie familiale, révélant secrets et mensonges jusqu’alors enfouis…
Quelques mots de Hiam Abbas:
A quelle date se situe votre récit, dans quel contexte ? ‘Je ne veux pas dater cette histoire. Je n’ai pas envie qu’on la situe durant la guerre de 2006, comme certains seraient tentés de le faire. Oui, c’est une guerre entre Israël et le Liban, mais c’est une guerre fictive. C’est une mémoire sonore que j’évoque. Je parle de quelque chose qui a forgé mon identité pour toujours : être née Palestinienne d’Israël, vivre dans un pays tout en étant liée à ceux qui vivent de l’autre côté de la frontière et qui font partie de ma culture. Les Palestiniens d’Israël sont tiraillés entre traditions et modernisme. Ils se sentent partiellement exclus d’Israël, le pays auquel ils sont censés appartenir. Ils essayent donc de préserver ce qui leur reste de tradition afin de protéger cette identité menacée. Ils investissent des traditions dans une structure familiale forte qui leur donne l’impression de créer leur « chez soi ». J’avais sept ans quand a éclaté la première guerre, et j’ai dû très jeune commencer à m’interroger sur la vie, l’existence, l’engagement, la responsabilité. Aucune bombe n’est tombée sur moi, mais j’ai vécu avec des bruits d’avions au-dessus de la tête, une rumeur de bombardements au loin. Etre dans un état de guerre modifie votre perception de la vie. Sous cette menace qui vous dépasse et qui peut vous supprimer d’un coup, on ne pense qu’à sa survie, on se raccroche à ses petites lubies personnelles. Un comportement dérisoire qui vous sauve par fois. Dans le film, tout le monde s’active à fêter le mariage, mais il suffit qu’une bombe tombe tout près pour que tout s’arrête.
C’est pour cela que j’ai transformé cette photo de groupe, toute la famille réunie, en un arrêt sur image : tout cela est si fragile, si éphémère. Vivre dans un tel contexte vous procure un attachement démentiel à la vie. »
Le film a été tourné en Israël… « Dans ma Galilée natale, dont je tenais à montrer la beauté. J’aurais pu tourner dans le village où j’ai grandi, qui est à peine à vingt minutes, mais j’ai trouvé que ce coin là, près de la frontière du Liban, était un site sublime pour les extérieurs. On y trouve une majesté qui m’a toujours épatée, avec cette verdure, ces montagnes. Ce site génère chez moi beaucoup d’émotion. J’ai d’ailleurs toujours rêvé de casser cette frontière…imaginaire. Les intérieurs ont été tournés dans deux autres villages proches d’Haïfa. »
Cette histoire recèle-t-elle une part d’autobiographie ? « Ce n’est pas vraiment mon histoire, même si le parcours d’Hajar qui doit quitter son pays pour imposer sa différence ressemble au mien. Elle se bat contre l’ordre social dominant, refuse de suivre le chemin qui lui est tracé pour décider de sa propre vie. Ce personnage relie mon passé à mon présent. Il évoque des souvenirs de mon enfance et de mon adolescence. Chaque personnage dans le film correspond à des êtres que j’ai côtoyés. »
Pourquoi avoir choisi Hafsia Herzi pour le rôle d’Hajar ? « Ce qu’elle est dans la vie, correspondait à ce que je voulais du personnage. Un côté je-m’en-foutiste avec une tristesse intérieure, un air à côté de la plaque. Elle a une façon d’être au-delà de l’engagement ou du non-engagement, de vous faire sentir que, ce qu’elle a envie de faire, elle le fera, malgré vous ! Loin du cliché de la jeune palestinienne victime et révoltée. »
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Pays :
Israël PalestineContinent(s) :
Moyen-Orient