Sergio Larrain – Vagabondages (Fondation Henri Cartier-Bresson)

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Du 11 septembre au 22 décembre 2013, la Fondation HCB présente une exposition du photographe chilien Sergio Larrain, disparu en 2012. Cet ensemble retrace l’essentiel de son parcours singulier. Des images rares, une approche poétique, un photographe brillant qui a inspiré toute une génération de photographes.

L’exposition de la Fondation HCB, à quelques jours de celle des Rencontres d’Arles, présente sur deux étages, 128 photographies en noir et blanc, dont un ensemble précieux de tirages d’époque de la collection Magnum Photos et quelques inédits. Les enfants abandonnés de Santiago,  Londres, Paris, l’Italie, Valparaiso et l’Amérique du Sud  en général comptent parmi les séries présentées.

Né en 1931, Sergio Larrain grandit dans une famille de la haute société chilienne où il y éduque son œil et développe son goût pour l’art. Il décide de partir étudier aux États-Unis et achète, à crédit, son premier Leica, « A l’époque, j’ai acheté mon premier appareil sans imaginer que la photographie allait devenir mon métier ». En 1951, suite au décès accidentel de son jeune frère, Sergio Larrain décide d’accompagner sa famille dans un long voyage qui les mènent en Europe et au Moyen-Orient. Suite à ce périple, il se recentre sur la photographie et s’installe à La Reina où il s’intéresse à la philosophie orientale et pratique de longues séances de méditation. Il se lance après son service militaire dans son premier travail conséquent en s’intéressant aux enfants abandonnés de Santiago qui errent dans les rues et sur les rives du fleuve Mapocho.

A la fin des années 50, le photographe sud-américain arrive en Europe, ce qui va concrétiser son rêve : intégrer l’agence Magnum. Il rencontre Henri Cartier-Bresson en 1959 et ce dernier lui propose de rejoindre l’agence après avoir vu ses images des enfants abandonnés. Pour Larrain, le photographe français est « le maître absolu, un génie, appartenant à une catégorie à part ». Pour plus de facilité, Larrain s’installe pendant deux ans à Paris et les commandes vont alors se multiplier, il va couvrir de nombreux sujets, tous très différents ; le mariage du shah d’Iran, la guerre d’Algérie, le tremblement de terre au Chili en 1960, la mafia sicilienne….

Sergio Larrain décide néanmoins de s’affranchir des contraintes liées au journalisme, et écrira « Je crois que la pression du monde journalistique – être prêt à sauter sur n’importe quel sujet – détruit mon amour et ma concentration pour le travail ». Il décide finalement de rentrer au Chili, et de fonder son agence de communication artistique avant de se lancer dans une quête spirituelle. Il mène une vie discrète et fuit les sollicitations. À partir de cette date, il poursuit sa quête à travers le yoga et la peinture tandis que Magnum continue à diffuser ses archives. C’est à cette époque qu’Agnès Sire découvre son travail et commence à entretenir une longue correspondance avec le photographe.

Grâce à cette relation épistolaire et au travail de Magnum, Larrain accepte de publier un ouvrage sur Valparaiso (1991) puis Londres (1998). Le medium photographique devient alors un accompagnement pour les nombreux textes qu’il rédige, un moyen pour tenter de communiquer son goût pour l’essentiel.

Selon Agnès Sire, les termes employés par Sergio Larrain pour décrire l’état de grâce dans lequel il faut nécessairement se trouver pour « accueillir » une bonne image, sont ceux du mysticisme, voire du spiritisme comme si les images étaient déjà là dans le cosmos et que le photographe agissait comme un medium : « libéré des conventions », « pureté », « concentration », « miracle »… et si les conditions sont réunies « les images arriveront comme des fantômes, des esprits ».


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