Le Portail (François Bizot)

Doc dérangeant écrit et publié trente ans après les faits, Le Portail fait le récit autobiographique de François Bizot pendant le génocide au Cambodge.

Ethnologue spécialiste de l’Extrême-Orient, il est fait prisonnier des khmers rouges fin 1970-début 1971, et passe trois mois dans le modeste mais funeste camp M13 .

Entre interrogatoires et fausse exécution, le témoignage de François Bizot sur les terribles journées qu’il passe au camp est précieux. Il doit s’entretenir régulièrement avec un jeune révolutionnaire, Douch, celui qui deviendra pour tous l’un des plus grands tortionnaires du Cambodge. Celui-ci doute rapidement de la culpabilité de Bizot, et c’est grâce à lui qu’il sera le seul occidental rescapé des camps cambodgiens.

« Je n’ai pas vu un monstre, j’ai vu un homme, et c’est ce qu’il y a de plus terrible, justement, qu’il soit un homme comme moi. »

Le témoignage de François Bizot est loin d’être manichéen. Les interrogatoires à la tombée de la nuit développent une relation ambigüe parsemée d’estime et d’amitié. Et c’est dérangeant. D’y lire qu’un tel tortionnaire a des traits humains. Jugé pour crime contre l’humanité en 2010, Douch, directeur du tristement célèbre camp S21 (on estime à 15 000 / 20 000 personnes torturées et exécutées), a finalement été condamné en appel à la perpétuité vendredi 3 février 2012 par le tribunal parrainé par les Nations unies.

La seconde partie du livre fait état de la déroute de Phnom Penh. Muni d’une autorisation spéciale, François Bizot parcourt la ville, dévastée et abandonnée, les livres brûlés, l’ambassade française transformée en cour des miracles…