L’Age de Fer (J. M. Coetzee)

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Alors que des émeutes éclatent dans un township du Cap en 1986, Elizabeth Curren se meurt d’un cancer à petit feu. Entre violence, racisme, maladie, fin de vie et solitude, les thèmes abordés sont pour le moins difficiles, et j’ai failli décrocher.

Mais J.M. Coetzee parvient à donner avec ce rythme lent une profondeur appréciable, tant aux événements survenus en Afrique du Sud, qu’aux difficultés de la vieille dame qui est son personnage central.

Si depuis toujours elle s’est opposée par conviction à l’apartheid, elle a su se préserver des atrocités perpétrées en son nom. À présent, elle est brutalement confrontée à l’explosion de rage que le système a engendrée.

Dans une longue lettre adressée à sa fille qui, exilée en Amérique, ne devra la lire qu’après la mort de sa mère, Elizabeth relate les étranges péripéties qui jalonnent ses derniers jours. Notamment, sa rencontre avec un vagabond, Mr Vercueil, à qui elle va s’attacher, et qui sera le seul à prendre soin d’elle.

Témoin de l’émeute et de la répression dans un township voisin, elle découvre le corps criblé de balles du fils de sa domestique noire. Un autre adolescent qui trouve refuge dans sa propre maison est exécuté sous ses yeux par la police. Parvenue ainsi au terme de sa vie, avec pour Ange de la Mort, pour seul compagnon auquel elle puisse confier sa colère et son désespoir un clochard venu échouer devant sa porte, Elizabeth tentera de faire sa paix avec le monde. Avec ces quelques jours dans la vie d’une vieille dame qui prend conscience des revendications inévitables de la jeunesse noire, J. M. Coetzee nous offre à sa manière grave, lancinante, un chef-d’œuvre.

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Né au Cap en 1940, J.M. Coetzee enseigne la littérature. Son œuvre, empreinte des années d’apartheid, est saluée dans le monde entier et traduite dans plus de vingt-cinq langues. Le prix Nobel de littérature lui a été attribué en 2003. Ses romans sont disponibles en Points.



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