Tim Rollins & K.O.S. (Galerie Chantal Croussel)

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C’est la première exposition personnelle en France de Tim Rollins & K.O.S. La Galerie Chantal Crousel présentera les oeuvres créees autour du Songe d’une nuit d’été, jusqu’au 7 juin 2014.

Tim Rollins est l’un des fondateurs du collectif Group Material créé en 1979 à New York, puis du Art and Knowledge Workshop avec un groupe d’étudiants du Bronx : K.O.S. (Kids of Survival). Il y développe une méthode pédagogique qui consiste à confronter les classiques de la littérature avec la culture de la rue. Cette approche socio-politique de l’éducation et de l’art a permis d’établir un véritable langage pictural où peintures et dessins s’intègrent aux pages de livre de grands auteurs tels que William Shakespeare ou George Orwell. Les nouvelles oeuvres réalisées pour cette exposition sont le fruit d’une réflexion autour de la pièce de Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été et de la musique de scène imaginée pour cette comédie par le compositeur Felix Mendelssohn.

Voici les notes de Tim Rollins sur la genèse de ces oeuvres :

« En 1998, le musée de l’Université d’Albany à New York, organise une rétrospective : Tim Rollins & K.O.S. : Twenty Years of Art and Teaching. Cette exposition coïncidait avec le fameux Shakespeare Semester de l’université : les travaux du grand poète occupait l’attention de l’ensemble du campus. Les commissaires d’exposition du musée m’ont ainsi proposé de diriger un workshop sur l’oeuvre de Shakespeare avec les jeunes de l’école. C’était au départ un véritable défi. Quel texte choisir ? Quel thème ? Quel motif ? Deux semaines avant le workshop, le musée a voulu savoir ce que je comptais faire. Mais je n’en avais aucune idée et j’ai pretexté que je voulais garder l’effet de surprise ! Désespéré, je suis alors tombé sur un livre qui citait les plus célèbres répliques issues des pièces du célèbre dramaturge. J’ai été immédiatement bouleversé par l’une d’entre elles : un monologue de Thésée, duc d’Athènes1, qui selon moi est, dans la langue anglaise, la plus belle définition de ce qu’est la création artistique.

« […] et comme l’imagination donne un corps aux objets inconnus,
la plume du poète leur imprime de même des formes,
et assigne à un fantôme aérien une demeure et un nom particulier […] »

J’ai donc commencé à faire des recherches sur la pièce. Je l’ai lue. Mais toujours pas d’idée. J’ai ensuite regardé une vieille version hollywoodienne réalisée par Max Reinhardt où Mickey Rooney joue le rôle de Puck2. Drôle mais toujours rien. Puis je suis tombé sur la version de Peter Hall datant 1968 avec Helen Mirren, Diana Rigg, Judy Dench, Ian Holmes entre autres. El là, la révélation … Puck…. et ses fleurs. Puck, qui aime transformer les choses juste par pur plaisir, me rappelle tellement les jeunes avec qui je travaillais dans le Bronx et qui maintenant se sont dispersés aux quatre coins du monde. Et la fleur : un motif simple mais profond et … historique. J’ai proposé le sujet aux élèves d’Albany et nous avons exploré le thème de la fleur utilisé si souvent en histoire de l’art pour essayer de créer les nôtres.

Avec les douze enfants d’Albany, nous avons donc étudié les fleurs de Manet, Monet, Nolde, Warhol, et bien d’autres. Nous avons fait quelques dessins mais ce n’était pas satisfaisant. Alors que j’achetais de l’aquarelle, je suis tombé sur un rouleau de cet étrange papier Thai Mulberry3 en solde. Pourquoi ne pas essayer ? De retour à l’atelier, nous avons découvert à quel point l’aquarelle intéragissait avec le papier – rappelant les techniques de John Cage – les fleurs apparaissaient d’elles-mêmes. Nous étions terriblement enthousiastes quant au résultat immédiat et évident de cette improvisation.
Puis nous avons aussi ajouté du jus de fruit. Le Songe d’une nuit d’été faisant référence si souvent au Nouveau Testament, nous avons aussi utilisé des graines de moutarde4 comme métaphore de la foi.
Le résultat était à la fois étrange et magnifique, sans erreur. Après avoir découpé nos fleurs, que nous appelons « éléments », nous les avons collées sur des pages extraites d’une très belle édition de la pièce.

De retour à l’atelier avec les K.O.S., nous avons retravaillé ce même procédé mais sur un format plus grand, en utilisant cette fois les pages de la partition de la musique composée par Felix Mendelssohn pour la pièce.
Cela a amené plus tard à d’autres workshops organisés avec des jeunes venus des quatre coins de New York, des Etats-Unis et d’Europe afin d’inclure la jeunesse internationale à la création de rêves visuels… des rêves qui n’ont pas de fin.»
– Tim Rollins


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