Mondes Tsiganes (Cité de l’Histoire de l’Immigration)

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D’une ampleur inédite, l’exposition « Mondes Tsiganes, la fabrique des images » explore la multitude des regards photographiques sur les « Mondes Tsiganes » et invite à découvrir une diversité immense et méconnue. A la Cité de l’Histoire de l’Immigration (Palais de la Porte Dorée) jusqu’au 26 août 2018.

Au départ, il y eu les Gorgan. Ninaï, la matriarche bien connue des Arlésiens, son mari Johny, leurs enfants que le photographie Mathieu Pernot, encore étudiant, a rencontré dans la rue en 1995. Plus de 20 ans après, Les Gorgan, fruit de 21 ans de rencontres entre le photographe et cette famille, a ému le public des Rencontres photographiques d’Arles 2017. Coproducteur des Gorgan, le Musée National de l’Histoire de l’Immigration a souhaité aller plus loin. « La découverte du travail de Mathieu Pernot est un choc ! Dès les premières photos, on est aspirés dans les personnages, leur présence physique presque brutale, leurs regards », commente Hélène Orain, directrice générale du Palais de la Porte Dorée. « La présence des Gorgan au musée imposait cependant d’ajouter un propos plus historique, centré sur la représentation photographique des mondes tsiganes ».

 

1ère partie de l’exposition : Une histoire photographique, 1860 – 1980

Photographier les Manouches, les Kalé et les Roms, ceux que les autres, les Gadjé, appellent les Romanichels, les Gitans et les Tsiganes, relève de l’évidence et de l’impossible. Leur présence capte depuis toujours l’attention des artistes et des reporters. À la croisée des routes et aux coins des rues, les photographes ont reproduit à l’infini les préjugés qui s’attachent à ces populations. Citoyens de France ou d’autres pays, ils restent sans cesse perçus comme étrangers.

Par la photographie, journalistes, savants et experts tentèrent de cerner l’identité réputée insaisissable de cette « nation errante ». Les politiques d’État inventèrent d’immenses fichiers d’images conçues pour fixer et contrôler ceux que personne ne voulait accueillir. Ces traces photographiques témoignent toutefois des effets douloureux d’une persécution, encore amplifiée durant les guerres mondiales.

Mais, avec le temps, d’autres regards s’attachent aux multiples trajectoires familiales et aux destins personnels. Loin des clichés et des stéréotypes réducteurs, les images reflètent une rencontre entre un photographe et son sujet. Elles laissent percevoir une autre histoire. Des sujets surgissent, saisis dans leur vie quotidienne, sur différents territoires. Les visages s’imposent au singulier sur les images de leur vie.

Cette exposition révèle la complexité et la variété des regards photographiques et montre la fabrique visuelle qui a contribué à forger l’image des Roms et des Gens du Voyage. Elle interroge ainsi nos sociétés dans leur capacité à vivre avec ceux qui incarnent un éternel ailleurs.

Mondes Tsiganes

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2ème partie de l’exposition : Les Gorgan

« J’ai rencontré la famille Gorgan en 1995, lorsque je faisais mes études à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles. Les parents, Johny et Ninaï, vivaient alors en caravane avec leurs sept enfants, sur un terrain situé entre la gare de fret et le Rhône. Je ne savais rien de cette communauté et ignorais alors que cette famille rom était installée en France depuis plus d’un siècle.

J’ai réalisé mes premières images en noir et blanc, m’inscrivant dans une tradition documentaire face à ceux qui m’étaient encore étrangers. Je maintenais une distance et essayais de comprendre ce que ce médium pouvait encore nous apprendre d’eux. La découverte des quelques archives qu’ils possédaient puis les prises de vue réalisées dans le Photomaton de la gare avec les enfants m’ont rapidement fait comprendre que la diversité des formes et des points de vue était nécessaire pour rendre compte de la densité de la vie qui s’offrait à mon regard.

Mon déménagement à Paris en 2001 m’a éloigné des Gorgan pendant plusieurs années. C’est en 2013, plus de dix ans après avoir réalisé ces photographies, que nous nous sommes retrouvés, comme si l’on s’était quittés la veille. L’évidence que cette histoire devait continuer le plus longtemps possible m’est immédiatement apparue. Ils m’ont alors confié leurs images de ces années passées sans se voir.

Vingt ans après cette rencontre fondatrice, le temps a fait son œuvre sur les corps et les visages des Gorgan. Un temps différent de celui de notre monde gadjé. Johny et Ninaï sont désormais grands-parents et les caravanes ont quelquefois été délaissées pour des appartements jugés plus confortables.

J’ai vécu en leur compagnie une expérience qui dépasse celle de la photographie. À leur côté, j’ai assisté, pour la première fois, à la naissance d’un enfant ; j’ai aussi veillé le corps de celui que j’avais vu grandir : Rocky, mort brutalement à l’âge de 30 ans.

L’exposition reconstitue les destins individuels des membres de cette famille. Elle retrace l’histoire que nous avons construite ensemble. Face à face. Et désormais, côte à côte. » Mathieu Pernot

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