Joël Andrianomearisoa – Iarivo Traduit de la Nuit (Galerie RX)

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Évènement passé

La Galerie RX présente une exposition de l’artiste malgache Joël Andrianomearisoa.
Né à Madagascar en 1977, est un artiste dont les œuvres naviguent entre plusieurs mediums tels que le textile, le papier, le bois, la photographie… Il puise son inspiration dans l’espace, le temps, à Madagascar et dans le Monde.

De ses voyages émotionnels il collectionne des étoffes, qu’il découpe, noue, déchire, superpose, tisse, et dont il assemble les fragments en jeu de matières et d’histoires.
Des chroniques à la fois sentimentales et picturales déployées sur ces tentures-tapisseries jusqu’à saturer l’espace et ne pouvoir s’y glisser que par effraction.

Jeux de l’amour impossible, caresses ultimes des tissus noirs, un langage poétique que le noir, dans toutes ses nuances, sublime.
Le noir comme texture sentimentale ainsi que l’affirmation d’une nécessité vitale.

Joël Andrianomearisoa - Iarivo Traduit de la Nuit

Une étoile pourpre
Evolue dans la profondeur du ciel –
Quelle fleur de sang éclose en la prairie de la nuit
Jean-Joseph Rabearivelo, Traduit de la nuit I

On ne meurt pas à Madagascar. Tout au plus s’écarte-t-on de la vie, en passant à d’autres états qui jalonnent le temps. Jean-Joseph Rabearivelo, Baudelaire noir dandy et désespéré, traduisaient de la nuit ses paradis artificiels et ses presque songes éclos en la prairie, rédigés aussi bien en français qu’en malgache. Inspiré par la figure de ce poète au nadir lointain, Joël Andrianomearisoa arpente les nuits d’Antananarivo en transcrivant ses mots nés dans le temps d’après la lumière. Alors que Rabearivelo demandait à la terre de ses Ancêtres de le transporter « dans l’azur, constellé de ses œuvres, lesquelles ont raison de lui et le tuent, puisque le détachant de la Terre », Andrianomearisoa veut rester vivant parmi ses fantômes, sous le grand ciel étoilé de noirs désirs inachevés. Dressant d’énigmatiques saynètes aux allures de hain-teny (poème populaire malgache en forme de devinette), l’artiste de la perte de soi et de la moirure de la soie entraîne les forbans de la nuit derrière une grande cascade palpitante de noir total, sous des images de « fleurs nocturnes » en pointillés de lumière, devant le grand gâteau lacté de la lune. Transportés sur les hauts plateaux de l’Imerina, à la façon d’un chant des collines obscurci par la nuit, les lambas de ce labyrinthe des passions urbaines frémissent au passage du vent, des amants et de la mélancolie. Mamy ny aina : Douce est la vie, dit un proverbe malgache.

(Texte : Emmanuel Daydé, Commissaire d’exposition)


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