Taxi Téhéran

/ Cinéma


Évènement passé

Sortie dans les salles françaises le 15 avril 2015 – Iran – 1h22

Taxi Téhéran a reçu l’Ours d’Or lors de la dernière édition de la Berlinale !

Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran.

Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur dresse le portrait de la société iranienne entre rires et émotion.

Notes de Jafar Panahi : « Après Ceci n’est pas un film (IN FILM NIST) et Rideau fermé (PARDÉ), je sentais qu’il fallait à tout prix sortir ma caméra du confinement de la maison. J’ouvrais les fenêtres, je regardais la ville de Téhéran et cherchais une alternative. Placer ma caméra dans n’importe quelle rue provoquerait immédiatement un danger pour l’équipe et l’arrêt du film. Je continuais de regarder le ciel. Les nuages formaient de belles figures. Je me suis dit qu’on m’avait interdit de faire des films mais pas des photos. J’ai alors pris ma première photo. J’ai passé un an la tête dans les nuages à photographier le ciel. Ensuite, j’ai fait le tour de tous les laboratoires qui avaient les moyens techniques pour procéder à l’agrandissement d’une sélection de mes images, mais tous ont trouvés des excuses pour refuser.

Un jour, découragé, j’ai pris un taxi pour rentrer. Deux passagers discutaient à haute voix, alors que je réfléchissais à quoi faire d’autre. Pas de films, pas de photos, peut-être il ne me restait plus qu’à devenir chauffeur de taxi et écouter les histoires de passagers. L’étincelle jaillit : si mes premiers films se passaient tous dans la ville, je pourrais désormais essayer de faire rentrer la ville dans mon taxi. Jour après jour, je prenais donc des taxis où j’écoutais les histoires des passagers. Certains me reconnaissaient, d’autres pas. Ils parlaient de leurs problèmes et difficultés quotidiens. Et puis, j’ai pris mon téléphone portable et j’ai commencé à filmer.

Tout de suite, l’ambiance a changé et l’un des passagers m’a dit: « Merci d’éteindre ton gadget pour qu’on puisse au moins ici parler à notre aise ». J’ai compris que je ne pouvais pas faire un documentaire sans mettre en danger les passagers. Mon film devait prendre la forme d’une docu-fiction. J’ai écrit un scénario et j’ai ensuite réfléchi à la manière de le porter à l’écran. J’ai pensé d’abord à utiliser des petites caméras GoPro, mais leur objectif fixe réduit les possibilités de mise en scène et de montage. Finalement, j’ai opté pour la caméra Black Magic qui se tient d’une main et peut se dissimuler aisément dans une boîte à mouchoirs en papier sans attirer l’attention. Ceci me donnait la possibilité de préserver toute la dimension documentaire de l’action à l’extérieur de la voiture, tout en ne dévoilant jamais le tournage et en garantissant sa sécurité à l’équipe. La mise en place de trois caméras dans un espace exigu laissait peu de place pour l’équipe : je devais donc gérer tout seul, le cadre, le son, le jeu des acteurs, mais aussi mon propre jeu et la conduite de la voiture ! Je n’ai utilisé aucun dispositif particulier pour éclairer les scènes afin de ne pas trop attirer l’attention et compromettre le tournage. Nous avons seulement construit un grand toit ouvrant pour équilibrer la lumière.

Le tournage a démarré le 27 septembre 2014 pour une durée de quinze jours. Les acteurs sont tous des non-professionnels, des connaissances ou les connaissances de connaissances. La petite Hana, l’avocate Nasrin Sotoudeh et le vendeur de DVD Omid jouent leur propre rôle dans la vie. L’étudiant cinéphile est mon neveu. L’institutrice, la femme d’un ami. Le voleur, l’ami d’un ami. Le blessé vient lui de province. Je montais les images chaque soir à la maison. Ainsi, à la fin du tournage j’avais déjà un premier montage. Je faisais un back up à la fin de chaque jour de tournage et je le mettais en sécurité dans des endroits différents. J’ai fait aussi plusieurs back ups de mon premier montage que j’ai cachés dans plusieurs villes différentes. C’est à ce moment-là que j’ai eu enfin la certitude d’avoir mon film sans courir le danger que l’on puisse mettre la main dessus. Soulagé, j’ai pu ensuite terminer le montage. Le film a couté au total 100 millions de toumans (environ 32.000 euros). Toute l’équipe a accepté un salaire réduit et beaucoup de mes acteurs ont refusé d’être payés.

Chaque année les représentants de la Berlinale viennent en Iran visionner les nouveaux films. C’est
Anke Leweke, membre du comité de sélection, qui a vu le mien. Deux semaines plus tard, elle me confirmait que celui-ci était invité en compétition officielle. »

 

 

>>> Quelques critiques :

A voir à lire : « Entre fiction et documentaire, ce grand film nous offre un voyage exceptionnel au cœur de la société iranienne actuelle »

Première : « Tourné grâce à de petites caméras pivotantes accrochées à l’avant de l’habitacle, le film se veut une radiographie de l’Iran, réalisée par petites strates, chacune nourrie par la rencontre d’un nouveau passager. Ainsi se construit un récit, une semiautofiction au centre de laquelle Panahi prend la posture du vieux sage qui observe et interroge les tumultes extérieurs. On comprend pourquoi le jury de la Berlinale lui a remis son Ours d’or, la figure du dissident suffisant à en faire une prise de position politique. Mais ce n’est certainement pas pour le geste artistique. »

>>> Pour trouver votre séance près de Paris, c’est ici


Pays :


Continent(s) :

Découvrez aussi