Like Someone in Love

/ Cinéma


Évènement passé

Sortie dans les salles françaises le 10 octobre 2012 – France / Japon – 1h49

Après la Toscane dans Copie Conforme, le cinéaste iranien Abbas Kiarostami pose ses valises à Tokyo pour Like Someone in Love, ou la rencontre improbable d’un vieil homme et d’une étudiante qui se prostitue pour financer ses études.

Un vieil homme et une jeune femme se rencontrent à Tokyo. Elle ne sait rien de lui, lui croit la connaître. Il lui ouvre sa maison, elle lui propose son corps. Mais rien de ce qui se tisse entre eux en l’espace de vingt-quatre heures ne tient aux circonstances de leur rencontre.

http://www.youtube.com/watch?v=6R7CsvQxaG8

Quelques mots du réalisateur, en réponse à MK2:

MK2: Quelle était votre relation au Japon lorsque vous avez eu l’idée d’y réaliser un film ?

Abbas Kiarostami: « Je connaissais le Japon grâce aux voyages que je faisais pour y présenter mes films. Un soir, alors que je traversais en taxi un quartier d’affaires de Tokyo, j’ai aperçu une toute jeune fille déguisée en mariée sur un trottoir. J’ai demandé ce qu’elle faisait là, on m’a répondu que c’était une prostituée à temps partiel, qu’il était courant que des étudiantes fassent ça pour arrondir leurs fins de mois. Cette image m’est restée. Je suis retourné au Japon et j’ai entrepris de tourner les plans qui se cristallisaient dans mon esprit. La scène qui était pour moi le cœur du film devait être un plan-séquence de la jeune fille voyant sa grand-mère au centre d’une place et tournant en taxi autour d’elle. Mais il n’existe pas de place circulaire au Japon. Cela a suffit à me dissuader pour des années. Le mûrissement long d’un projet n’est pas atypique chez moi. La plupart des films que je réalise sont issus de vieilles histoires. C’est seulement lorsque je vois qu’elles survivent à l’épreuve du temps que je sais qu’elles valent le coup. »

MK2: Diriez-vous que Like Someone in Love est un film japonais sur le plan stylistique ?

Abbas Kiarostami: « L’influence de certains cinéastes sur mes films remonte à l’époque où je voulais devenir peintre et non réalisateur, c’est-à-dire entre mes 16 et 22 ans. Je fréquentais alors la cinémathèque de Téhéran, et les deux réalisateurs qui m’ont le plus marqué étaient Yasujirô Ozu et Kenji Mizoguchi. Leur influence est toujours présente dans ma façon de penser le cinéma. Je trouve que Like Someone in Love ne ressemble pas du tout aux films japonais d’aujourd’hui, très influencés par le cinéma américain. Ne serait-ce que parce qu’il s’oppose à ce qui se fait aujourd’hui, mon film doit avoir quelque chose à voir avec le cinéma japonais ancien. »

MK2: Au départ, les deux personnages sont loin l’un de l’autre, non seulement parce qu’Akiko est venue livrer un amour tarifé mais aussi parce qu’ils ne sont pas de la même génération…

Abbas Kiarostami: « Le fossé entre eux ne se comble pas, même lorsqu’ils inventent un lien familial qui les relie. Entre un homme et une femme, la différence d’âge n’est jamais sans importance. Mais il existe, en plus du lien charnel, le lien amoureux, qui est pour moi la possibilité qu’ont deux êtres de se comprendre et de s’aimer. Sur ce terrain-là, aucun obstacle ne peut venir se dresser entre eux. C’est un sentiment évident que la caméra se contente d’enregistrer. »

MK2: Comment travaillez-vous avec les acteurs dans la voiture, lieu de tournage qui peut paraître peu commode ?

Abbas Kiarostami: « La proximité de la caméra peut être une difficulté pour les acteurs, mais le défilement des paysages leur permet de ne pas être dans un lien unique et frontal avec la caméra, il se passe des choses autour d’eux qui aèrent l’espace. Pour moi, la voiture est le lieu idéal pour filmer des discussions. Au-delà des choix stylistiques que je fais, la voiture est présente dans notre quotidien, tout le monde a déjà fait l’expérience d’une conversation dans ce lieu confiné et en mouvement. Ce qui fait que pour les acteurs, c’est inattendu du point de vue professionnel, mais c’est une situation commune sur le plan personnel. En revanche, pour Tadashi Okuno, qui joue le vieux professeur, c’était une vraie difficulté. Vous ne devinez pas pourquoi ? Parce qu’il n’avait pas le permis, il n’avait jamais touché un volant de sa vie ! Heureusement, il a su créer l’illusion… »

>>> Quelques critiques:

Les Inrocks: « l’un des plus beaux film de Kiarostami. »

L’Humanité: « D’une histoire à trois cette fois, littérairement très japonaise et cinématographiquement ozuesque, Abbas crée une émotion douloureuse. »

Télérama: « Abbas Kiarostami, qui ne peut plus tourner en Iran, trimbale de continent en continent ses fables ambiguës (…) le talent de filmeur est intact. »

Cahiers du Cinéma: « Les puissances du faux, depuis toujours à l’oeuvre chez Kiarostami, n’ont pas pour but d’être dénoncées. Ce sont elles, au contraire, qui permettent à son cinéma de s’approcher au plus près de la complexité du réel. (…) Kiarostami ne nous délivre aucune morale car il sait trop bien que l’envers de l’envers n’est pas l’endroit. »

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